Un guerrier qui ne craignait pas la mort habitait dans un lointain royaume. Comme son corps semblait suffisamment robuste pour survivre à des flèches, on le plaçait toujours au milieu du champ de bataille.

Un jour, un joli petit oiseau apparut dans ses songes. Il le complimentait sur ses combats et lui murmurait de choisir entre un monde sans guerre ou l'immortalité. Le guerrier prit l'immortalité.

Ses combats furent dès lors spectaculaires. Il cueillait l'ennemi comme de l'herbe, et quel que soit le nombre de flèches ou de coups d'épée, il ripostait calmement. Le roi lui offrit titres et récompenses, et il imaginait que cette période glorieuse durerait toujours.

Mais la guerre n'en finissait pas et le royaume fut entièrement dévasté. La végétation et les gens mouraient. Le guerrier ne connut bientôt plus personne. Le corps indestructible tiraillé par la faim, il revit le petit oiseau en rêve. Il lui supplia la mort, mais l'oiseau lui répondit que c'était impossible, qu'il ne pourrait jamais mourir. Pour l'éternité.

Il y a longtemps, dans une nation frontalière, vivait un guerrier qui ne craignait pas la mort. Il était si athlétique et si puissant que la légende disait que les flèches rebondissaient sur sa peau. C'est pour cela que le guerrier se jetait à corps perdu dans toutes les batailles.

Un jour, un bel oiseau apparut dans un rêve du guerrier. L'oiseau loua les mérites du guerrier sur les champs de bataille et lui proposa de choisir un vœu à exaucer parmi deux : l'oiseau pouvait mettre fin aux guerres et apporter la paix dans le monde, ou bien il pouvait offrir un corps immortel au guerrier. Ce dernier opta pour l'immortalité.

À partir de ce jour, les exploits du guerrier n'en devinrent que plus extraordinaires. Il fauchait ses ennemis par centaines et aucune flèche, aucune épée, ni aucune hache ne pouvait entraver sa marche. Le roi le couvrait de titres et de présents et, pendant un temps, les jours de gloire du guerrier ne semblaient pas connaître de fin.

Mais les conflits ne cessèrent pas. La nation frontalière du guerrier fut envahie si souvent que les flammes de la guerre finirent par laisser le pays en ruines. Les récoltes dépérirent. Le peuple fit de même. Et bientôt, il ne resta plus personne pour connaître le nom du guerrier. Ce dernier était brisé, torturé jour et nuit par une faim perpétuelle, mais son corps refusait de le laisser mourir. Il se mit alors en quête de retrouver l'oiseau et le supplia de lui accorder la délivrance. "Ah, mais tu ne peux pas mourir", répondit l'oiseau dans un gazouillis. "Jamais tu ne mourrais."