[SPOILER] "Un Drame Un Peu Triste Où Meurent Tous Les Shakespeare"

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Cineas
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Enregistré le : 27 oct. 2018, 21:23

[SPOILER] "Un Drame Un Peu Triste Où Meurent Tous Les Shakespeare"

Message par Cineas »

Yo, ceux qui lisent ou liront.

(Bien sûr, le titre du sujet n'est pas de moi^^).S'il y a un trait saillant qu'on peut retenir de Drakengard c'est bien celui de la noirceur de son scénario. En lieu et place du sentiment de triompher d'obstacles en vue d'une fin heureuse que l'on peut avoir dans beaucoup de jeux, Drakengard ne propose qu'une descente aux enfers perpétuelle. Malgré les efforts de Caim, du dragon et de l'Union, les sceaux tombent les uns après les autres; les gens rencontrés ont tous des problèmes plus graves les uns que les autres ne se résolvant que dans la folie ou la mort; le joueur lui-même, placé face à des situations toujours plus desésperées, finit par ne plus avoir la sensation de progresser dans l'aventure mais celle de ne faire que retarder l'inévitable dans un combat où tout est perdu d'avance...

C'est là qu'on voit que Taro est un concepteur de jeu atypique, car proposer un tel déroulement c'est tout de même courir le sérieux risque de décourager le joueur. Car Drakengard n'est pas du genre à te dire "Well done, try the next level" mais plutôt des choses comme "t'es arrivé trop tard", "Essaye, mais c'est foutu" ou bien "tu t'en es sorti mais regarde, t'atterris dans un truc encore pire"...

Les victoires existent mais ne sont qu'illusoires et éphèmères (on dirait Angelus qui parle là, ha oui et ça me fait penser : en plus ton partenaire n'arrête pas de te traiter de vielle merde, toi et ta race !), le meilleur exemple étant ce moment où, l'Union se réjouissant de son triomphe, le ciel vire au rouge et envoie les pires fléaux, comme si tout accomplissement temporaire ne pouvait être que le prologue à un nouveau chapître de l'inéluctable perdition du monde...

Même le "Excellent Travail "de la dernière mission a un goût amer et peut être lu avec une consonance profondément ironique : "excellent travail, ça fait 60 heures que tu joues à ce jeu et t'as tout gagné : la plupart des gens que tu connaissais sont morts, ton monde lui-même n'existe peut-être déjà plus, et l'humanité d'ici est trop arriérée pour comprendre que tu viens de lui sauver la peau, t'envoyant un missile pour toute médaille. Ha oui, et toi-même et ton dragon êtes morts aussi, du coup. Whoa.
Bien sûr, tous les jeux ne sont pas joyeux. Exemples de certaines fins :
- Silent Hill Spoiler ! (Survolez le cadre pour le consulter.) - FFX Spoiler ! (Survolez le cadre pour le consulter.)
- FF7 Spoiler ! (Survolez le cadre pour le consulter.) De même, les mecs de GTA ne finissent pas en philanthropes convaincus et les conclusions des Metal Gear Solid ne sont pas d'un optimisme exacerbé en ce qui concerne la politique et la guerre...

Mais j'ai finalement joué assez rarement à des jeux qui très rapidement te laisse comprendre (du moins du point de vue du scénario) que tu ne gagneras pas et que tu ne sauveras personne (sauf évidemment l'immense jeu qu'est Shadows Of The Colossus, mais il y aurait tellement à en dire qu'il faudrait un topic entier, puis de toute façon, c'est Drakengard dont on parle ici) Même la motivation qui te pousse à refaire le jeu en espérant débloquer une meilleure fin ne tient pas longtemps, car tu t'aperçois clairement dès la deuxième que chaque épilogue sera lui aussi encore plus sinistre que le précédent :
Spoiler ! (Survolez le cadre pour le consulter.) Et c'est vraiment là que se révèle la plus grande force de ce jeu. Il ne tient ni par une histoire convenue qui caresse le joueur dans le sens du poil, ni par l'intérêt de son gameplay qui, avouons-le trouve assez vite sa limite même si comme, je l'ai dit quelque part je crois, je l'ai ravivé en pimentant un peu ma partie avec quelques règles perso. Non, il tient par la fascination que Taro arrive à créer pour son univers sombre et flamboyant, par ce désir qu'il entretient de savoir jusqu'où il va bien pouvoir nous emmener encore, et une sorte de curiosité ambigue :
"Mais jusqu'où peut bien encore continuer ce monde de folie dont je n'aperçois toujours pas le fond ?!"
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