Chapitre 28

Drakengard 1 adapté en roman par Nashira
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Nashira
L'Œil Écarlate
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Chapitre 28

Message par Nashira »

La logique de ce que j'ai écrit m'échappe toujours plus. C'est le chaos. Huhuhu. ça justifie tout, non ?

Chapitre 28
Cruelle innocence

Un ciel rouge comme le sang… Une terre noire de brûlé… Les Germes de la Résurrection se répandant sur le monde… Tout cela ne pouvait préfigurer qu’une chose. Qu’une seule et unique chose. La plus horrible et la plus terrifiante de toutes…
Courant comme un déchainé, Inuart s’élança vers le sanctuaire. Il était envahi par une foule de soldat aux yeux rouges. Il se fraya un passage en les bousculant violemment et atteignit le centre de la pièce en trébuchant. Quand il posa les yeux sur la colonne de cristal bleu, il s’arrêta net. Furiae, déesse de son cœur, gisait sans vie.
La lumière par les fenêtres opaques ruisselait sur son corps blanc, figé contre le fût cristallin de la colonne bleue. Son visage séraphin reposait sur son épaule. Une dague éclatante était plongée dans sa poitrine. Une trainée de sang ruisselait le long de son corps en noircissant sa robe d’une trainée obscure.
Le brasier dans les yeux pourpres d’Inuart s’éteignit. Il se sentit alors comme arraché des profondeurs d’un terrible cauchemar. Mais ce n’était que pour se voir plongé dans une réalité pire encore. Son esprit éclata comme du verre. Quelque chose en lui venait de disparaître à tout jamais.
Que faisait-il ici ? Qui était celle qui riait derrière lui ? Il revit l’image de ces terribles yeux pourpres qui l’avaient fixé dans la noirceur d’une geôle au cœur du désert…
Il bondit sur la petite fille et l’attrapa par les épaules :
− Qu’as-tu fait ? s’étrangla-t-il, le visage avachi.
La petite fille sourit innocemment à l’homme qu’elle à détruis. Ses yeux pourpres flambaient d’un feu diabolique :
− J’ai détruis le Sceau, parla dans sa bouche une voix monstrueuse. Maintenant elle est inutile !
Elle éclata d’un rire démoniaque. Inuart savait que c’était le rire ténébreux des Archanges qui résonnait dans son gosier. Les Archanges qui habitaient le corps de la prêtresse lui conféraient aussi des pouvoirs démoniaques.
Une onde de force émana du corps de Manah, projetant sauvagement Inuart qui s’écrasa aux pieds du cadavre de Furiae. Étendu sur le dos, il contempla tête renversée les murs autour de lui.
« Meurs ! »
Ces mots en sang s’inscrivaient partout autour de lui. Tel un ordre implacable. L’odeur du sang avec lequel ils avaient étés écrits retournait les sens. Inuart mourait de douleur. Avec maintes peines et gémissements, il se fit rouler sur le ventre pour soulever sa carcasse sous ses bras instable. Les larmes ruisselaient le long de ses joues blafardes, mouillant jusqu’à son cou, et la marque terrible de son pacte. Il tendit désespérément sa main vers Furiae, mais elle était trop lourde pour parvenir à caresser le beau visage de celle qu’il aimait…
− Furiae…, gémit-il d’une voix brisée. J’avais fait tout ça pour toi… J’ai fait tout ça pour toi ! Et maintenant, je ne peux même plus chanter pour toi… Même chanter, j’en suis incapable... Était-ce par égoïsme ?
Le visage de Furiae demeurait immuable. Ses cheveux projetaient un linceul d’ombre sur ses paupières closes. Sa peau exsangue exprimait la mort. Inuart retomba sur son séant :
− Suis-je responsable… de ta mort ? sanglotta-t-il.
Recroquevillé sur le sol froid, il hurla la douleur de milles lames plantées dans son cœur. Tout en pleurant il continuait d’implorer son pardon à Furiae. Mais comment un corps sans vie pouvait-il encore pardonner ?
Dansant autour de cette pauvre âme éperdue, Manah parsemait le sol de pétales de roses. Sa voix terrifiante chantait les incantations du culte des Archanges :
− La-la-la-la-la ! Les Archanges dansent ! Quelle joie ! La-la-la-la-la ! La-la-la-la-la ! Les Archanges ! Ils dansent !
La culpabilité et le chagrin saturaient le cœur d’Inuart. Mais alors que tout lui semblait perdu, un espoir insensé germa dans les crevasses de son cerveau délabré. Pourquoi rester ici à pleurer ? Pourquoi pleurer la mort de Furiae ? Pourquoi pleurer alors que dehors dans la cité impériale et en ce moment même, se répandaient les Germes ? Le Germes… de la Résurrection…
~
Caim était retourné dans l’immense salle sphérique. L’endroit était à présent tout noir de fumée. Les dragons impériaux aux yeux rouges avaient été terrassés. Leurs corps carbonisé s’amoncelaient en diffusant des fumerolles âcres de chair brûlée. Le plafond s’était à moitié effondré sous la violence du combat qui avait eut lieu, laissant voir l’horreur d’un ciel disloqué. Les yeux de Caim s’écarquillèrent.
Un monde dénué de sceaux sombre dans le chaos. Le ciel n’était plus le ciel. Sa consistance avait changée ; elle était devenue comme une fange purpurine, illuminée par l’éclat d’une érubescence irréelle. Tout le spectre du rouge s’étalait dans ses hauteurs, et ses teintes se mouvaient l’une dans l’autre en changeant continuellement de ton et de forme. Du rouge. Rien que du rouge. Toutes les autres couleurs avaient été abolies. Le temps lui-même semblait aboli, suspendu comme un cœur en syncope…
− C’est horrible ! s’exclama Seere, absolument terrorisé. Le Temps est brisé !
Il enfouit son visage dans la veste à Léonard, qui lui possa une main réconfortante sur l’épaule. Arioch éclata de son rire déchainé :
− Ha ! Du sang ! hurla-t-elle en levant les bras, du sang ! Du sang partout dans le ciel ! Du sang ! Du pourpre ! Du rouge vermillon ! Du carminé ! Du vermeil ! Du sang ! Partout ! Un ciel de sang ! C’est si beau ! C’est si délicieux, mes enfants !
Elle pliait et dépliait ses doigts comme pour se saisir de la couleur de l’air. Sa voix était plus démentielle que jamais.
− Tout est de ma faute, gémit Seere. Le monde meurt et je suis l’unique responsable ! Maman n’aurait pas dû m’aimer ! Manah... oh, Manah...
Léonard le prit par les épaules et s’agenouilla, forçant le garçon à regarder le en face.
− Seere, lui dit-il. Tu n’es pas responsable de ce désastre.
− C’est la faute de cette sale gosse ! grailla la fée. C’est cette sale peste, la responsable ! Avec ses yeux rouges, elle a répandu le chaos et la destruction sur le monde ! Les humains sont un fléau ! Ils détruisent tout ce qu’ils touchent ! Et les enfants sont encore pires ! Cette salle garce de…
− Silence ! ordonna Léonard.
Le sylphe s’immobilisa. Sa lumière verte brillait dans le rouge du ciel. Décontractant son front durcit en une crispation comminatoire, Léonard en revint à Seere :
− Tu n’es pas responsable, lui répéta-t-il. As-tu bien compris ?
Seere le contempla avec peine. Sa bouche tremblait, mais sa voix était ferme :
− Mais Léonard, dit-il, ses yeux smaragdins brillants. Et toi… Tu n’es pas responsable de la mort de tes frères…
L’aveugle déglutit.
− Seere, murmura-t-il alors d’une voix à la douceur paternelle, tu es un noble garçon…
− Il y a déjà eut tant de morts ! récrimina Seere. J’aimerais tellement que tout cela puisse s’arranger ! Mais je crois que finalement je ne suis pas l’Enfant Prodige… Je ne peux pas sauver le monde. Je suis un fardeau, je suis inutile ! Pourquoi les dieux n’ont-ils pas entendu mes prières ?
− Rien ne sert de croire en ces imposteurs ! rugit une voix.
Le dragon venait d’apparaître par l’ouverture du plafond écroulé. Il atterrit près d’eux, les yeux allumés de haine.
− Et maintenant ? lança-t-il à Caim. Que comptes-tu faire pour arrêter l’apocalyspe ? Le monde s’effrite, le ciel s’est écroulé, les Germes de la Résurrection se sont répandues… Toutes les races vont vouloir s’en emparer.
− Que se passerait-il si jamais quelqu’un venait à fusionner avec les Germes de la Résurrection ? s’enquit Léonard en s’appuyant sur sa lance noire.
Le dragon orienta sur lui ses yeux jaunes et ses pupilles verticales se rétractèrent subitement. Son haleine émana une fumée noire :
− Alors les dieux auront gagné cette guerre, déclara-t-il avec hargne.
Les autres ne comprirent pas le sens exact de ses paroles. Ils surent uniquement que, si jamais quelqu’un venait à fusionner avec les Germes de la Résurrection, un grand malheur s’abattra sur l’humanité.
Seere frémissait de peur en serrant la main de Léonard entre les siennes. Arioch continuait de contempler le ciel pourpre avec une marque d’extase dans ses yeux étranges. Elle hurla subitement en pointant son long doigt en l’air :
− Regardez ! Il vole haut dans le bain de sang ! Regardez !
Une silhouette noire planait dans la rougeur du ciel. Caim sentit ses entrailles brûler de haine.
− Il vole vers la Cité Impériale ? s’interrogea le dragon.
− Pour les Germes ? fit Léonard.
Caim n’attendit plus aucune seconde de plus. D’un geste il empoigna son épée et monta sur le dos du dragon rouge. Il ignorait ce qu’Inuart comptait faire, mais il savait qu’il fallait l’en empêcher à tout prix. Parce qu’il partageait toute son appréhension, le dragon fléchit ses jambes musculeuses et s’élança dans l’érubescence céleste, proclamant le rugissement fiévreux d’une vengeance qui dévore les sens...
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