Chapitre 24

Drakengard 1 adapté en roman par Nashira
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Nashira
L'Œil Écarlate
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Chapitre 24

Message par Nashira »

Je précise au passage un petit détail que notre Reine relèvera très certainement lors de la lecture : l'absence des Cyclopes... à cela, je ne peux répondre que par une odieuse honnêteté : j'avais pas envie ! ^^ Ah, oui, autre chose : je ne savais absolument pas comment expliquer le fait que Caim et les autres se retrouvent miraculeusement indemne lors de la grande déflagration provoquée par la Forteresse Céleste, alors, si vous avez de meilleures propositions à me faire ^^
Un chapitre qui fera un peu trop cliché à mon goût... mais bon. Finalement, le moment de la grande bataille entre l'Union et l'Empire arrive ! Les deux armées sont dressées l'une contre l'autre, toutes armes brandies, nos héros confronté à leur sentiment de vengeance sont des plus tendus... tout cela promet d'être bien raide...

Chapitre 24
Destruction

Après avoir été confronté à une attaque de griffon, le reste du voyage se passa sans mauvaise rencontre. Ils sillonnèrent le ciel toute la nuit durant. La lune avait parachevé son cycle et dérobé il ne restait que les étoiles pour illuminer la noirceur. Caim n’avait jamais vu autant d’étoiles. Elles étaient telles des diamants scintillants au fond d’un océan d’encre. Éperdu dans la contemplation de cette nuit merveilleuse, retenu dans l’haleine de l’instant crucial qui devait venir, Caim s’abandonna au sommeil.
Ses yeux se rouvrirent sous la lumière d’une aube froide. A l’horizon poignait l’esquisse bleue des remparts inexpugnables appartenant à une montagne titanesque. Elle était d’une précellence grandiose, dépassant les nuages du ciel. C’était par-delà les remparts de ce mont que l’Empire avait judicieusement bâti sa capitale...
− Tu t’es endormi alors que nous survolions les Collines du Crépuscule, siffla le dragon.
Caim passa une main dans ses cheveux et avala une profonde goulée d’air frais. Il jeta un regard en revers. Verdelet ressemblait à un cadavre amorphe prit quelque part entre le sommeil et l’éveil. Seere dormait profondément, réfugié dans les bras de Léonard qui le tenait hors de portée d’Arioch. Impossible de déterminer s’il était éveillé derrière ses paupières closes. Arioch contemplait le paysage en marmonnant des monologues frénétiques :
− C’est si joli… Tellement beau… Ah, mes enfants, est-ce que vous voyez, ça ?
− La Montagne Cobalt est là, déclara le dragon. Regarde, Caim. Les deux armées sont réunies face à face...
Caim décocha un regard en-deçà. La plaine fertile de la montagne était envahie par des hordes si nombreuses qu’on ne pouvait en évaluer le nombre. D’un côté, trépignant toute l’âme en feu, la grande coalition tutellaire de la déesse, l’Union. De l’autre, les rangées placides aux yeux pourpres, le destructeur des mondes, l’Empire. Ils avaient rassemblés là tous leurs bataillons de monstres et d’hommes ensorcelés, alignés sans bruit, tels des fantoches sous la domination d’une force diabolique. Leurs formes sinistres ne possédaient aucune humanité. Leurs yeux brasillaient de la plus fanatique des lueurs pourpres.
− Ils sont légions ! s’horrifia Verdelet en les apercevant. Oh, dieux ! Ecoutez nos pleurs ! Ayez pitié de vos pauvres enfants !
− Je n’aurais jamais cru les effectifs de l’Empire aussi nombreux ! murmura Léonard.
− Des sales larves frétillantes ! décria le sylphe. Écrasons-les !
Le dragon suspendant le battement de ses ailes.
− Il y a de nombreux monstres. Tu les extermineras avec plaisir, n’est-ce pas, Caim ?
Le sourire sur les lèvres de Caim ne permettait aucun doute quant aux pulsions qui l’animaient. Ses yeux étincelaient de toute la haine de son corps et de son âme. Enfin après tant d’années, ici et maintenant, sa vengeance sera totale. Il le savait. Il le voulait.
Le dragon poussa un rugissement comme le tonnerre. Il exécuta un survol rapide au-dessus des troupes de l’Union qui poussèrent de hauts cris en frappant fort sur leur bouclier. L’ombre d’un monstre se dressait devant la première ligne. Le dragon atterrit pour permettre à Seere d’aller rejoindre le golem.
− Golem ! Tu es là !
Le géant de pierre recueillit son petit protégé aux creux de sa main et le déposa délicatement sur son épaule.
Un homme s’avança des rangs et s’inclina. Ce n’était autre que le soldat farouche :
− Maitre Caim ! Nous savions que vous viendriez ! Les soldats de tous les royaumes connaissent désormais votre nom. Regardez ! Regardez comment votre présence galvanise l’esprit de ces hommes ! Ils sont tous fiers, forts et courageux ! Grâce à vous de notre côté, nous gagnerons cette guerre ! Maître Caim... Depuis la mort de votre parenté, vous devriez être notre roi...
Il brûlait dans le regard de Caim un feu étrange.
− Quel est ton nom ? demanda le dragon.
L’homme frappa sa poitrine du poing :
− Oror !
Les deux hommes se contemplèrent d’un regard altier. Puis, se retournant sur les troupes de l’Union, Oror leur harangua ces paroles :
− Soldats ! Maître Caim est avec nous ! Le fils de l’un des plus grands rois qui formèrent la coalition de l’Union ! L’homme dont la sœur est la déesse de notre monde est là, avec nous ! Regardez en face de vous ! L’Empire tout entier nous oppose ! Il est le fléau de ce monde ! L’heure est aujourd’hui venue de le renverser ! Le butin est à nous, soldats ! Montrez-leur ! Montrez-leur la force de l’Union ! Hardis !
Les hommes hurlèrent d’ardeur. On sentait en eux la puissance d’une ferveur infrangible. Caim se sentait lui-même contaminé par la force d’un tel sentiment, même si la haine restait au-dessus de tout. Le silence retomba avec apréhenssion dans les troupes galvanisées. Caim se rangea devant la première ligne. Léonad, Arioch et le Golem de Seere en firent de même.
Arioch ricanait arme au poing au centre du tourbillon d’eau et de feu que créaient Ondine et Salamandre autour d’elle. Léonard s’appuyait sur son bâton. Ses doigts tremblaient sur la hampe.
− Alors on y est finalement, hein ? graillait le sylphe en voletant fébrilement près de son oreille. L’armée impériale toute entière t’es servie, l’armée qui à truscidé tes trois petits frères chéris. Haha ! Elle va maintenant pouvoir te trucider toi aussi ! Tu dois avoir très peur, hein ? Haha ! Allons, tu sais très bien que ce n’est pas ce que je veux... Comment pourrais-je vivre sans toi ? Nous avons notre pacte ! C’est pour ça que tu as interrêt à te battre comme il faut pour survivre ! Sinon, tu ne pourras plus jamais revoir Seere !
L’atmosphère était revenue à la suspicion. Le vent qui secouait l’étoffe des fanions devint le seul son dans la plaine. Les fanfarons bleus de l’Union battaient au vent, les draps pourpres de l’Empire rougeoyaient à l’opposé. Le soleil s’était parfaitement afirmé et les écharpes de brouillard s’étaient évaporées. Soudain éclata l’écho d’un cor, succédé par les hurlements sauvages des armées impériales. Les centaines et les centaines de soldats entrèrent en charge.
Le dragon rugit en s’envolant. L’Union se lança dans la bataille. Ils cavalcadèrent comme des déchainés, allumés par la fièvre et la rage de vaincre. Les deux masses des armées se télescopèrent dans un grand fracas. Au cœur de ce maelström anarchique, Caim se battait avec plus d’alacrité qu’il ne lui en avait jamais été donné de ressentir. Chaque coup asséné dans la chair de l’ennemi, chaque effusion de sang giclant sur son visage, chaque cri poussé par une proie périssant sous sa lame, lui procurait le plaisir d’une joie sans limite.
« Tu souris ? » fit la voix du dragon dans son corps, « Est-ce si plaisant de répandre le sang de tes ennemis ? »
Rien n’était plus plaisant.
Léonard se battait dans les ténèbres. Mais il ne donnait jamais un coup vain. Il révélait enfin ses réelles compétences au combat. Les glapissements du sylphe perçaient dans la clameur sourde de la guerre :
− Allez, Léonard ! Tue-les ! Tues-les tous ! Fais leur payer la destruction du sceau de notre forêt ! Tues-les !
Arioch se pourléchait le visage. Les coups déments qu’elle assénait de sa hache abbattaient tous ceux qui avaient le malheur de se trouver à sa portée. Son âme disloquée pouvait-elle ressentir la joie de la vengeance ? Ondine et Salamandre foudroyaient ceux qu’elle oubliait dans sa folie.
Le golem écrasait les troupes composées de monstres. Les ogres impériaux les plus collossaux n’étaient que des insectes sous ses pieds de roc. La pierre de son corps se colorait progressivement de rouges. Seere restait abriter au sommet de son épaule.
Les troupes impériales firent venir des machines de guerre. Lorsque Caim vit arriver les balistes, il pensa immédiatement au danger que représentaient leurs projectiles pour le dragon qui attaquait en rase-mottes. Il s’élança vers les machines mais se trouva confronté à un mur d’archers. Des flèches sifflèrent au-dessus de sa tête, drues comme une pluie. Elles furent toutes consumées dans un éclat de flammes. Les machines furent détruites dans un même élan. Une bourrasque décoiffa les cheveux de Caim.
− C’est futile ! lança le dragon. Leurs machines et leurs flèches ne peuvent rivaliser contre son souffle.
Caim sourit.
« Toi qui ne vis que pour le meurtre, cet endroit doit être pour toi le paradis »
La percussion des tacs métallescents et les vagissements plaintifs des mourants résonnaient sur la plaine en une symphonie macabre. Les amas de corps rompus d’entassaient mais au lieu de diminuer, l’ennemi semblait toujours plus nombreux. La bataille était formidable et dura longtemps. Les rangs ennemis se réalimentaient toujours plus en renforts. Les vaisseaux volants de l’Empire étaient chargés en effectifs nouveaux, mais le dragon les abattaient un par un.
Quand le crépuscule illumina le ciel de ses lueurs dorées, l’armée impériale avait dépensé toutes ses ressources. Leurs épées étaient ébréchées. Leurs boucliers, fendus.
− L’Empire va-t-il enfin battre en retraite ? dit le dragon en un sifflement incrédule. Vais-je assister à la victoire ?
Enfin, des huées de joies se répercutèrent dans toute la plaine. Tout était enfin terminé. La victoire appartenait à l’Union. Le cœur de Caim battait d’un étrange sentiment. Ce n’était pas de la satisfaction, ce n’était pas de la joie non plus. Mais une chose était sûre ; l’armée de l’Empire était anéantie. Léonard, Arioch, Seere et Verdelet se regroupèrent autour de Caim. Les troupes rescapées de l’Union s’abandonnaient à une joie libératrice. Mais le dragon restait dubitatif :
− Alors c’était aussi facile ? dit-il. Ce n’est pas normal… Caim, ne sens-tu pas l’air s’appesantir ? Quelque chose se prépare…
De lourds nuages noirs s’amassaient dans le ciel du crépuscule. Caim n’y prêta guère attention. Bien que soucieux pour Furiae, il se réjouissait comme les autres. Mais tandis qu’il dresse victorieusement son épée, une menace plane au-dessus des vainqueurs…
La terre se mit à gronder sous leurs pieds. Un soldat impérial gisant parmi les dépouilles ouvrit ses yeux rougeoyants et tendit ses bras vers le ciel en proclamant d’un cri extasié :
− Le Jugement Dernier ! C’est le Jugement Dernier !
Le dragon emporta le groupe des humains dans ses griffes et s’élança dans le ciel. Il y eut l’éclat d’un feu aveuglant. Puis une explosion assourdissante. Il vrilla dans l’air une chaleur si virulente qu’ils eurent l’impression d’être plongés dans un océan de feu. D’autres détonations se succédèrent. Après que la dernière déflagration explosa, la terre avait changée. Là où auparavant s’étendaient les plaines verdoyantes se trouvait à présent un sol noir de brûlé. D’énormes cratères labouraient les champs. Le dragon redescendit sur cet amas de souffre dont le relent putride de chair brûlée saturait l’air.
Seere se précipita vers le Golem. Sa constitution de roc l’avait préservé de l’enfer des flammes. Il avait abrité sous lui quelques soldats de l’Union, dont Oror. Un peu partout, les survivants agonisaient. Oror s’élança pour venir en aide aux frères de l’Union. Caim erra d’un pas titubant sur cette place à l’allure d’outre-monde. Les armures des soldats qui se trouvaient là avaient fondues à même leur corps et le métal liquéfié avait prit la forme de leur visage avachis au moment où ils avaient succombé. Caim contempla ces séries de masques avec une horreur placide. Une main noire s’agrippa à la cheville de Caim. Elle était racrochée à un ensemble déjeté sur lequel brasillaient deux yeux déments :
− Le Jugement dernier ! La tempête de feu s’est abbatu sur l’Union, c’est le Jugement des dieux ! Nous allons tous être enfin sauvés !
De telles paroles préfiguraient l’assassinat de la déesse et l’anéantissement de tous les sceaux... Caim fut pris d’une rage destructrice. Il s’arracha à la prise du soldat impérial. La main noircie se sépara du reste du corps et demeura nouée à sa cheville avant de s’effriter pour disparaitre.
Verdelet trépignait en tous sens :
− Je ne comprends pas ! Ça ne se peut pas ! C’est impossible ! Le dernier sceau a-t-il été brisé ?
− Le sang de la déesse à été versé ? menaça le dragon.
Verdelet se démenait, comme prit de démence, courant en rond et scandant des paroles terrorisées. Caim le fit tomber à terre. Verdelet rampa frénétiquement sur le sol, agité de spasmes :
− C’est le châtiment divin ! s’écria-t-il en se trainant jusqu’aux pieds de Caim. C’est le jugement des dieux ! Nous ne pouvons plus rien faire, le futur est mort ! La déesse est morte ! Nous n’avons plus aucun guide ! L’humanité est maudite ! La déesse est morte ! La déesse est morte ! Morte ! La déesse… !
Il s’étouffa dans la douleur du coup impitoyable que Caim lui asséna du pied.
A cet instant exact, Léonard s’affaissa sur ses genoux, frappé d’effroi :
− Par les dieux ! s’écria-t-il.
Caim se retourna vivement sur lui et le repoussa du pied. Léonard se ramassa face contre terre. Seere hoqueta de frayeur. Arioch se dressa sur ses jambes. Verdelet gémissait, recroquevillé sur le sol.
Une lumière verte fusa :
− Comment oses-tu ? fulmina le sylphe en accusant Caim. Imbécile ! Il n’appartient qu’à moi de faire du mal à Léonard ! Tu entends ? A moi et personne d’autre !
Léonard pivota sur son séant :
− Je vois tout, proféra-t-il à Caim, horrifié. Les Germes de la Résurrection se répandent sur terre. La déesse… elle…
Caim l’envoya rouler sur le sol.
− Léonard ! s’écria Seere en se précipitant vers l’aveugle.
Léonard se redressa. Son nez saignait sous ses doigts trémulants.
− Je comprends, soupira-t-il pour Caim. Je comprends très bien… Tu dois voir ça par toi-même…
Caim ne voulait rien entendre. Furiae ne pouvait pas être morte ! Elle ne pouvait pas ! Il brandit le poing pour frapper Léonard d’un nouveau coup, mais alors Arioch se jeta sur lui comme une déchainée :
− Il n’avait rien fait ! cracha-t-elle d’un son brisé. Il était… Ils étaient innoncents ! Mes petits étaient innocents ! Alors pourquoi ? Pourquoi ?
Caim roula sur lui-même et reprit le dessus sur l’elfe folle.
− Je vous en supplie, arrêtez ! implora Seere, les yeux humectés de larmes. Oh ! Pitié ! Arrêtez !
Mais leur rixe ne s’interrompit qu’à l’instant où Arioch sombra dans une torpeur soudaine ; Ondine et Salamandre avaient quitté son corps, la laissant amorphe telle une marionnette sans fils. Caim la repoussa et se releva, pantelant de fureur. Verdelet gisait toujours, la voix brisée :
− Tant de destruction pour protéger les sceaux, déplora-t-il. L’Empire à défié la création et maintenant tout est perdu…
− Il y a longtemps que l’homme ne craint plus les dieux, bafoua le dragon.
Les esprits Salamandre et Ondine firent parler le son de leur voix mystique :
− Le dernier sceau n’est pas encore perdu, énoncèrent-ils.
Caim fixa les deux esprits d’un œil torve. Ondine et Salamandre indiquèrent le ciel. Une forme, en quelque sorte plus sombre que celle des nuages noirs et lourds de poussière, grandissait au-dessus d’eux...
− Quelle est cette chose dans le ciel ? s’écria Verdelet. Ha ! Cette structure est gigantesque ! Comment fait-elle pour rester suspendue dans les nuages ?
− Voici la forteresse céleste de l’Empire, anonça Ondine de sa voix argentine.
− La forteresse volante de l’Empire, dit Salamandre. Nous l’avions vue dans l’esprit du gobelin.
− Non ! se récria Verdelet qui était complètement asservi par sa peur, c’est impossible ! Les hommes ne peuvent construire des forteresses volantes !
− C’est vrai, cette chose ne peut être l‘œuvre des hommes, maugréa le dragon avec apréhension.
Il se rengorgea avec précellence et les toisa de ses yeux de démon. Le nom qu’il prononça avait l’effet d’un poison qu’on crache :
− Les Archanges…
− Caim, appela Léonard, je sens la présence de la déesse. Elle est dans cette forteresse. Je la sens.
Le sang de Caim était si brûlant que son cœur menaçait d’éclater. Alors qu’il avait osé croire à la victoire, il réalisa maintenant que la bataille n’avait fait que commencer…
− Caim, courage ! dit Seere. La déesse compte sur toi ! Elle est en vie… j’en suis sûr...
− Non ! contredit Verdelet. Nous sommes tous condamnés !
− Un être suprême est responssable de tout cela, dit le dragon, nous devons trouver et éliminer leur chef ! Caim ! En avant !
Il lui tendit son dos et Caim y monta d’un bond.
− Je viens avec toi ! s’exclama Seere avec ferveur. Je ne veux pas être un fardeau !
Il grimpa tant bien que mal derrière Caim. La réaction de Léonard fut immédiate :
− Je suis déjà mort. Je ne veux pas savoir où et quand mon corps s’arrêtera.
Et il grimpa derrière Seere. Arioch ne se fit pas attendre :
− J’espère qu’il y aura à manger là-bas, rit-elle en s’agrippant à Léonard.
Même étouffé par une colère et une haine ravageuses, Caim comprit une chose ; ses compagnons lui resteraient fidèles jusqu’à la fin. Ou presque... Il tourna le visage sur l’évêque et le lorgna avec mépris :
− Alors tu restes ici ? siffla le dragon.
Les yeux pâles de Verdelet luisaient d’un éclat forcené. Sa voix chevrota avec faiblesse :
− Caim… Tout espoir est perdu et toi, tu te bats encore. Vous ne voulez donc pas comprendre ? La fin du sceau annonce l’apocalypse, il ne nous reste plus que la prière ! Posez les armes et faites comme moi ! Implorez la miséricorde divine !
− L’heure n’est pas à la prière mais à la vérité ! rugit le dragon.
Caim se sentait près à tuer Verdelet sur place. Comment cet évêque pouvait-il prétendre être l’ecclésiastique chargé de la protection de la déesse et des sceaux ? Il n’était rien d’autre qu’un vieillard chenu et égoïste !
− Golem, dit Seere à l’adresse de son partenaire de pacte, tu me promets de prendre soin de Verdelet en attendant notre retour ?
Le golem émit un grondement rauque et captura l’évêque récalcitrant entre ses doigts. Le dragon éploya ses larges ailes à la couleur sanguine :
− Préparez-vous à pénétrer en enfer ! Ne croyez en rien de ce que vous verrez là-haut.
− C’est pure folie ! cria Verdelet. Vous êtes tous fous !
Ils s’envolèrent en bondissant haut dans le firmament, alors que loin derrière eux résonnait encore l’écho désespéré de la voix de Verdelet qui s’écriait :
− Si tu étais réellement son frère, tu n’aurais pas cette rage meurtrière !
♋ - ♑
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