Chapitre 23

Drakengard 1 adapté en roman par Nashira
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Nashira
L'Œil Écarlate
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Chapitre 23

Message par Nashira »

Et on continue ! Ondine et Salamandre s'avèreront bien utiles dans ce chapitre... à l'inverse de Seere...

Chapitre 23
Les prières de Seere

Les Sommets Pourpres cachaient dans leur sein la ruine la plus ancienne des Terres Arides et Gelées. Cet ouvrage jadis bâtit par la main de l’homme avait été abandonné par ses architectes depuis bien des années. Mais une coquille vide sert toujours d’abri pour les parasites : les vieilles ruines du Colisée constituaient aujourd’hui le grand repaire des Gobelins des montagnes. Une race qui avait compté parmi les premières à s’allier avec l’Empire…
Le griffon avait jeté Seere dans le sable brûlant de leur repaire. Là, des dizaines de paires d’yeux rouges le fixaient. Ils avaient formé un grand cercle autour de lui. Bien qu’ils fussent de petite taille, leur apparence était féroce. Ils agitaient au bout de leurs bras rachitiques des pioches usées et des fourches vulgaires. Certains étaient armés de poignards. Ensembles, ils ricanaient et s’échangeaient des mots dans leur propre langage.
Un gobelin qui semblait être leur chef se détacha du cercle de ses congénères et s’approcha de Seere d’une démarche gauche pour lui empoigner violement le bras. Seere sentit les griffes de la créature s’enfoncer dans sa chair et il hoqueta de peur. Il fut trainé dans le sable et jeté comme un sac avant de se faire immobiliser sous le pied de son tortionnaire qui s’écria avec fierté :
− Quel trophée ! Un petit enfant inutile, incapable de grandir !
Les autres ricanèrent. Seere peinait à ravaler ses larmes, les poings serrés et tremblants. Du sable collait à ses joues mouillées.
− C’est faux ! dit Seere. Je ne suis pas inutile ! Je ne vieillis pas car j‘économise mon Temps pour sauver le monde ! Comme l’enfant prodige !
Les gobelins grimacèrent tout en éclatant d’un rire aigrelet et sardonique.
− Tais-toi ! expectora le gobelin en crachant sur Seere une pluie de bave. Tes contes de fée ne nous intéressent pas ! Saches que je suis le maître du Colisée ! Et que j’ai toujours raison !
Seere tremblait de tous ses membres et poussa un long sanglot :
− Mais c’est la vérité... maman me le disait. Golem aussi !
− Le monde dont tu parles ne viendra jamais ! vociféra le gobelin alors qu’autour de lui ses autres continuaient de ricaner entre eux.
Leur chef attrapa Seere par les cheveux et le tira jusqu’à sa face hideuse. Soufflant sur lui son haleine puante, il dit :
− Tu n’es qu’un fardeau ! Bon qu’à une seule chose : devenir le trophée du Colisée !
− Ce n’est pas vrai ! cria Seere avec la voix du désespoir. Ce n’est pas vrai ! Je suis l’Enfant Prodige !
− Un fardeau ! Un fardeau !
Tous les gobelins se mirent à scander ce mot en chœur. Seere était piétiné sous l’humiliation. Sa mère n’était plus là pour le protéger. Et que faisaient donc Golem, Léonard et les autres ? L’avaient-ils abandonné ? Le considéraient-ils eux aussi comme... un fardeau ?
− Fardeau ! Fardeau ! Fardeau !
Un rugissement lugubre retentit. L’ombre de la lumière se voila. Les gobelins stoppèrent leur jeu et sur leurs traits, on pouvait lire une soudaine anxiété.
− Le bruit du tonnerre ? se demanda l’un d’eux en scrutant le ciel.
− Un dragon ! cria un autre en pointant sa griffe sur l’ombre rouge qui s’étendait au-dessus d’eux.
Seere sentit son cœur se vider de toute crainte, car il savait maintenant que Léonard était là. Le dragon rouge souleva un tourbillon de sable et atterrit en piétinant la foule des gobelins sous ses serres. Les créatures hurlaient et courraient en tout sens. Caim et les autres apparurent au cœur de la débandade.
Le chef des gobelins resta immobile.
− D’où sortez-vous ? cracha-t-il.
Les autres s’approchèrent en silence. Leur haute silhouette paraissait menaçante pour un gobelin. Seere sentit une crispation dans les griffes du gobelin qui le tenait toujours par les cheveux :
− Qu’est-ce que vous voulez ? grailla-t-il.
− Nous venons récupérer Seere, déclara Léonard.
D’un geste, il pointa sa lance. Caim dégaina son épée. Arioch brandit sa hache. Verdelet restait juché sur le dos du dragon. Les gobelins avaient formé un enclos autour d’eux. L’œil rouge de leur chef remarqua le sceau de l’Union qui ornait la cubitière au bras de Caim :
− Chiens de l’Union ! Allez nourrir les morts !
La masse des gobelins se souleva comme une marée noire. Arioch s’y jeta avec un éclat de rire. Caim et Léonard combattirent en silence. A la fin de la bataille, ce fut l’aveugle qui empala le chef des gobelin sur sa lance.
Seere se précipita contre l’aveugle.
− L’enfant est en vie, dit le dragon. Caim, ton épée ensanglantée a enfin servie à sauver une vie.
Caim considéra son arme avec une étrange lueur dans ses yeux haineux. Qu’elle serve le bien ou le mal, une épée sera toujours ensanglantée.
− Quoi, le têtard est encore vivant ? couina la fée. Son endurance est pénible !
− Tu n’as plus rien à craindre, chuchota Léonard en s’accroupissant à la hauteur de Seere.
Seere se redressa en essuyant le sable collé à ses larmes :
− Oh, merci ! sanglotta-t-il. Merci à tous !
− Seere, mon petit Seere ! haleta Arioch. Viens donc dans mes bras, viens !
− Ne t’avise pas de t’approcher de lui, Arioch ! dit Léonard.
Arioch tressauta, lorgnant Léonard de son regard ambigu et malveillant. Puis elle fit claquer sa langue avant de se mettre à lécher le sang sur sa hache.
Le sylphe rit :
− Oh-oh, Léonard ! Que t’arrive-t-il ? Tu entres vraiment dans une colère noire ! Attention, Arioch ! Léonard t’as à l’œil ! haha !
− Ce cri ! l’interrompit Léonard.
Tous entendirent l’écho de ce son, perçant et terrifiant, rempli d’affres sans mesures.
− Mes frères ! s’épouvanta le sylphe.
− Le cri des Sylphes ! siffla le dragon.
− Mes frères ! s’épouvanta le sylphe.
− Non ! hoqueta Verdelet.
− Mes frères ! répéta le sylphe avec horreur, notre sceau ! Notre forêt ! Brûlés ! Anihilés ! Détruits ! Anéantis à tout jamais ! Non ! Cela ne se peut pas ! Non !
Il se mit à fuser en tous sens, scandant des abominations sur les hommes et maudissant le monde. Le dragon restait placide :
− Le sceau de la forêt… Alors finalement il à été…
− Brisé, conclu une voix ardente.
Tous se tournèrent vers Arioch. Ses yeux étaient amorphes et fixes, vidés de vie. Ondine et Salamandre avaient émergés de sa chair. Les radiations de leur corps spectral nimbaient la silhouette de l’elfe d’un halo aqueux et ardent.
− Que dites-vous ? demanda Verdelet aux deux entités.
− Le Sceau est brisé, dit Salamandre.
− Oui, dit Ondine. Tu ne le ressens pas ? Il est trop tard désormais.
Caim eut la sensation que son cœur se figea. Il pensa à Furiae et à la charge terrifiante que devait s’écraser sur elle à cet instant.
− Oh, Caim je suis désolé ! gémit Seere en se jetant à ses pieds, je suis tellement désolé… Tout est de ma faute, je vous ai causé tant de problèmes…
Le regard de Caim était noir d’aversion. Sa mâchoire frémissait, et sa langue portait un goût de fiel. Il pointa son estoc sur la gorge de petit Seere qui, effrayé, retomba en arrière.
Personne n’osa bouger, pas même Léonard. Le dragon ouvrit sa gueule et dit de sa voix acide :
− Les excuses ne servent à rien. Ce qui est fait est fait.
Seere hocha le visage avec lenteur et contrition :
− Oui, souffla-t-il avec regret. D’accord…
Il se redressa sur ses petites jambes et gonfla son cœur d’une nouvelle force, bien décidé à se faire pardonner auprès de Caim et des autres :
− Qu’attendons-nous ? Ne perdons pas plus de temps et partons pour la Montagne Cobalt !
− Mais Seere, murmura Léonard. Et ta sœur ?
− Non ! rétorqua Seere, je vous ai fait perdre beaucoup trop de temps ! Je ne veux pas être un fardeau. Manah n’a pas d’importance comparée à la déesse.
Léonard plissa son front.
− Oui, le soleil se couche, dit le dragon. Il est temps de se remettre en route. Montez sur mon dos.
− Où est Golem ? s’enquit Seere.
− Il nous rejoindra sur les terres de la montagne, dit Léonard avec douceur. Ne t’inquiète pas pour lui. Maintenant allons-y.
Il retira sa lance empalée dans le ventre du gobelin qui remua en poussant un cri de souffrance. Il était encore en vie !
− Attendez, dirent à l’unisson Ondine et Salamandre. Nous allons lire ses pensées.
Ils glissèrent sur le gobelin à moitié mort et se mirent à tournoyer autour jusqu’à s’immiscer dans sa chair.
− Vous ne saurez rien ! râla le gobelin en crachant des écumes de sang.
Ils le virent se tordre et se convulser. Les voix d’Ondine et Salamandre se répercutèrent dans l’esprit des pactiseurs :
− La déesse, murmura la voix d’Ondine.
− L’Empire, souffla celle de Salamandre.
− Les Archanges…, reprit Ondine. Une…
− Une forteresse ?
− Quelque part dans les cieux ?
− Vous ne saurez rien ! hurla le gobelin.
Il roula sur le sable et s’empala sur une lame. Ondine et Salamandre ne purent rester dans son corps plus longtemps et réintégrèrent le corps d’Arioch.
− Une forteresse dans les cieux ? répéta Verdelet, subjugué.
Caim était incrédule. Une forteresse dans les cieux. Cela paraissait impossible. Mais il n’oubliait pas que l’Empire s’était allié à une force inconnue et démoniaque...
− Les Archanges, maugréa le dragon. Préparons-nous au plus improbable… En route, maintenant ! En route pour Cobalt !
Au-delà à l’est se dressait la grande Montagne Cobalt. Là-bas les attendait la plus grande et la plus sanglante de toutes les batailles…
♋ - ♑
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