Chapitre 22

Drakengard 1 adapté en roman par Nashira
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Nashira
L'Œil Écarlate
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Chapitre 22

Message par Nashira »

C'est au tour de Seere d'amener des ennuis au groupe. Encore aujourd'hui, je me demande à quoi servait ce cher petiot ^^

Chapitre 22
Chemin périlleux

Le soleil froid décocha ses flèches de lumière à l’aube. Caim remua sur le sol. Lorsqu’il ouvrit ses paupières, une multitude d’étincelles blanches dansait au centre de son champ de vision. Harassé et pantelant, il se fit rouler sur le sol dur pour se hisser sur ses jambes. Il n’avait pas réalisé qu’il s’était endormi à la belle étoile. Il n’était plus accablé par la douleur des blessures du dragon.
Le dragon n’était plus là. Caim ne s’en inquiéta pas. Sa salive avait un goût de cendre. Il se dirigea vers le fleuve. L’onde était limpide. Caim y plongea ses mains reliées en coupe et but de longues gorgées. Il se lava le visage avant de s’attarder dans la contemplation de son reflet à la surface de l’eau. Il ne se reconnaissait pas. Son teint était terne, ses traits étaient tirés par l’abattement. Des cernes noirs soulignaient ses yeux. Il tira la langue. La rune qui scellait sa voix était d’une beauté effroyable. Il y fit glisser son doigt, comme hypnotisé.
Un éclair rouge passa.
Un choc lourd ébranla le sol quand le dragon se posa en perforant le sol de ses serres. Caim se redressa. Il avait sentit la présence de la créature s’affirmer bien avant qu’elle n’apparaisse.
− J’ai survolé les terres arides, dit le dragon. Et j’ai vu des colonnes de trolls et de gobelins aux yeux rouges se diriger vers le vallon à l’est. Ces créatures malsaines se liguent toutes pour aller rejoindre la montagne Cobalt. Nous ne pouvons pas prendre la même route qu’eux.
Caim brandit son épée vers le ciel.
− Non. J’entends d’ici glatir des griffons, cachés au-dessus des nuages. Ils nous surveillent depuis qu’ils savent que nous sommes ici.
Caim réorienta la pointe de son épée en menaçant le dragon :
− Rassure-toi, rétorqua-t-il, j’ai découvert un passage qui passe par les couloirs étroits de ces falaises…
Il pointa son long museau vers les monolithes taillés en lame.
− Deux routes se séparent par là-bas. La première retourne à la forêt des Elfes. La seconde mène vers un vallon qui descend droit vers les terres de Cobalt. Si nous y allons à pied, nous y serions dans trois jours. A condition de ne pas trainer.
Caim secoua ostensiblement la tête : il était fermement décidé à prendre la voie la plus rapide, même si c’était aussi la plus dangereuse. Mais le dragon ne le laissera pas prendre la décision de son chef.
Léonard apparu. Le sylphe était perché sur sa lance. Arioch le suivait d’un pas léger. Seere était allé murmurer quelques paroles auprès de son golem de pierre. Verdelet parla de sa vieille voix fatiguée :
− Un vent satanique souffle sur cette terre. Nous devrions chercher la sœur de Seere… Par où veux-tu que l’on aille, Caim ?
Caim lui jeta un regard moqueur. Partir en expédition pour retrouver une enfant perdue était bien le cadet de ses soucis. Ils n’avaient pas de temps à perdre. Ils devaient se rendre à la montagne Cobalt.
− Au bout de la route qui serpente dans les rocs et les falaises s’ouvre un col qui mène à la montagne Cobalt et à l’Union, dit le dragon à Verdelet. C’est un chemin périlleux, mais c’est le plus sûr des passages. Nous passerons par là pour rejoindre le col.
Un vent de glace se leva quand ils s’enfoncèrent dans les couloirs des falaises. Pendant qu’ils marchaient, Verdelet ne cessait de se plaindre et de se lamenter :
− Une tempête de haine fait rage dans mon cœur. Je suis tellement inquiet pour la déesse. Je sens que toi aussi tu es soucieux, Caim. J’espère que les Sylphes sauront garder le sceau de la forêt intact. Les Elfes perdus, il ne reste qu’eux pour veiller sur la sécurité du temple.
− Évidemment que le sceau est en sureté avec nous ! brailla le sylphe qui virevolta autour d’eux, mon peuple est loin d’être aussi stupide et faible que celui des Elfes !
− Toi aussi tu cherches ta sœur ? demanda Seere à Caim. Est-elle vraiment la déesse du monde ?
Le feu dans les yeux de Caim était froid, mais il restait intense. Il sentit alors l’esprit de Seere l’envelopper dans un élan de compassion :
− On les retrouvera, j’en suis sûr, dit l’enfant.
Caim sursauta comme sous l’impulsion d’un coup de fouet et l’évinça avec toute sa haine. Il n’avait pas besoin de la pitié d’un enfant ! Seere pâlit en témoignant des violents sentiments qui animaient l’esprit du muet. Et il éprouva une grande tristesse pour lui.

Ils avançaient à travers les couloirs tortueux des falaises. Le parcourt était abrupt et discontinu, et ils devaient jouer des pieds et des mains pour progresser.
Seere trottinait à la tête du groupe. Caim avançait d’un pas trainant. Le dragon avançait au sol et n’était pas à son aise dans cet espace confiné. Mais Verdelet devait être celui qui peinait le plus à avancer. Léonard surveillait Arioch avec appréhension. Il savait que l’elfe ne quittait pas Seere des yeux.
− Sois prudent, Seere, lança Léonard.
Seere s’inclina :
− Désolé, fit-il, c’est que je suis tellement content ! Vous êtes tous venu pour retrouver ma sœur. Merci ! Merci !
− Quel enfant naïf ! couina le sylphe, qu’il aille se faire croquer par une elfe folle !
L’œil d’Arioch étincelait de convoitise, toujours rivé sur Seere. Le golem se mit à hurler et à marteler le sol.
− Golem ! hoqueta Seere.
Le géant semblait aux prises avec une force inconnue et poussait des plaintes caverneuses :
− Non ! Seere pas mourir ! Pas mourir !
− Golem ? l’appela Seere. Que se passe-t-il Golem ? Golem ?
− Non…, grogna le géant. Non…
Des lueurs rouges semblaient lutter contre la lumière verte des émeraudes qui remplissaient ses orbites. Une aura de magie noire glissait dans l’air.
− Quel est ce son ? questionna Léonard.
− Un envoûtement ! dit le dragon.
− Un sorcier se cache près d’ici ! s’exclama Verdelet.
− Seere, appela Léonard, ne t’approche pas du golem ! Recule ! Il n’est plus lui-même !
Le garçon n’écouta pas. Le monstre s’ébranla en grondant :
− Seere pas venir ! Seere pas venir !
− Golem, c’est moi ! Seere ! Golem, tu me reconnais ? Golem, s’il te plait !
− Recule ! somma Léonard.
Le poing du géant de pierre s’abattit sur le sol, juste à côté Seere. Le garçon perdit l’équilibre mais se releva aussitôt.
− Pas venir ! vagissait le golem, Seere pas venir ! Pas…
− Frappe-moi si tu veux ! cria Seere à son golem, frappe-moi, Golem ! Ça m’est égal ! Aller ! Frappe-moi !
− Mais que fait cet enfant ? s’indigna Verdelet. Caim, je t’en supplie, aide-le !
Tous retenaient leur souffle devant cet étrange spectacle.
− Frappe-moi ! criait Seere en s’offrant au golem. Frappe-moi !
− Non, gémit le golem, non !
− Seere, reviens vers nous ! conjura Léonard, tu vas te faire tuer !
Un rire moqueur retentit. C’était son sylphe :
− Mais laisse-le faire ! Ce n’est qu’un petit jeu entre amis, hein ?
− Frappe-moi !
Seere bondit et exclama un cri de douleur.
Des éclats de pierre et de terre furent projetés jusqu’au dessus des falaises. Quand la poussière se dissipa, Seere était un petit corps immobile. Arioch se précipita sur lui, ahanant d’avidité. Le golem la repoussa comme on chasse une mouche :
− Seere ? Seere !
L’enfant ouvrit ses yeux et sourit en se tournant vers les autres :
− Voilà. Vous voyez ? Golem est redevenu normal. C’est mon ami…
Les yeux du golem avaient retrouvés leur couleur verte et limpide. Les autres partenaires de pacte restaient sans voix.
− Vous me croyez, maintenant ? demanda Seere en enlaçant ses bras autour du doigt du golem, Golem n’est pas méchant ! Golem est mon ami.
− Oui, un ami qui te veut du bien, railla le sylphe.
− La douleur de son allié l’a fait sortir de sa transe, souffla Verdelet, impressionné. Cet enfant est vraiment un prodige…
Caim grimaça de dégoût. L’évêque n’allait tout de même pas croire en cette légende stupide d’Enfant Prodige ?
− C’est donc comme cela que l’Empire contrôle les monstres et les enrôle dans son armée ? se demanda le dragon. Des envoûteurs sournois… Nous devons être plus prudents.
− Là-bas ! s’exclama Arioch en pointant son index. Une silhouette encapuchonnée tentait de s’échapper.
− Le mage !
Le dragon rugit et cracha une boule de feu qui atteignit sa cible en provoquant une explosion. Caim se rua dans la poussière. Les autres le talonnèrent. Le mage tentait encore de s’enfuir en rampant sur le sol, comme un cafard. Caim le cloua sous sa chausse.
− D’où viens-tu ? grogna le dragon. Il y en a d’autres ?
La respiration du mage était scandée par des éclats de rire nerveux et fous. Dans l’ombre de son capuchon scintillait les feux de ses yeux pourpres. Une expression de folie se lisait sur son visage.
− Répond ! fulmina le dragon.
− Archanges, déesse, Archanges, déesse, Archanges, déesse, Archanges, déesse, Archanges, déesse, Arch !
Caim le fit taire en plantant son épée dans sa nuque.
− Continuons à avancer ! dit le dragon.
Ils se remirent en marche.
Les gravas et les pierres leurs tordaient les chevilles. La route s’ouvrit en deux nouveaux passages. Seere tourna la tête à droite puis à gauche :
− La route que nous devons prendre est celle par laquelle souffle le vent le plus froid, dit le dragon.
− C’est si silencieux, fit Léonard d’une voix tremblante. Ta sœur peut-elle vraiment être ici, Seere ?
− Non, dit Arioch en humant l’air, je ne sens pas d’odeur. Il n’y a pas d’autre enfant, ici ! Rien à manger !
− Nul enfant ne peut survivre dans l’antre du mal, dit le dragon.
− C’est ici ! répliqua Seere en indiquant le chemin de gauche, c’est ici ! C’est par là que ce trouve la vallée dans laquelle maman était allée avec Manah ! C’est par ce chemin qu’on va vers la forêt, maman me l’avait dit.
− Vers la forêt ? Parles-tu de la forêt des Elfes ? questionna Léonard.
− La forêt des Elfes ? Oui ! C’est dans cette forêt que se trouve l’endroit du culte, n’est-ce pas ? Léonard ?
Léonard plissa le front :
− Le culte, Seere ?
Cette fois, ce fut le golem qui parla :
− Culte des Archanges… Être aussi indice… Pour retrouver sœur…
− Comment connais-tu l’existence de ce culte, Seere ? siffla le dragon.
Seere sembla trouver la question étrange :
− Tout le monde ici sait que le mausolée se trouve dans la forêt au bout de cette route, dit-il. Il y a de nombreuses années de cela, beaucoup de fidèles habitaient dans notre contrée. Ils sillonnaient cette route pour rejoindre la forêt où on célébrait le culte. Et tout le monde ne revenait pas toujours des messes...
Cette dernière phrase semblait le terrifier. Il porta la main à sa ceinture pour toucher la dague de son père.
− Si c’est là-bas que maman avait emmené Manah…
− Au moins, elle aura servit à quelque chose ! s’écria le sylphe en riant. C’est plutôt glorieux comme fin, après tout !
− Non, maman n’aurait jamais fait ça ! criait Seere.
− Non ? rit la fée, tu en es sûr ? Si ta mère s’est rendue au mausolée du culte des Archanges et qu’elle en est revenue sans ta sœur, il y a pourtant de quoi nourrir des soupçons ! Tu sais, le culte a soif de sang ! Haha !
− Non ! cria Seere.
Il s’élança en avant, ramenant ses mains en porte-voix :
− Manah ! Manah ! Si tu m’entends, répond-moi ! Manah ! C’est moi, Seere ! Manah ! Où es-tu ? Manah !
− Je t’en prie, Seere, reviens ! réclama Léonard. Ces terres sont dangereuses et des ennemis peuvent être cachés !
Mais le garçon dénigra les paroles de l’aveugle. Seere s’époumonait de plus en plus fort. Ses appels continuaient de se renvoyer en échos contre les parois des falaises :
− Manah ! Manah ! Manah ! Répond-moi, ma sœur, je t’en supplie ! C’est moi ! C’est moi, Seere ! Manah ! MANAH !
Ses appels furent ponctués par un cri d’effroi. En un éclair, un griffon aux yeux rouges fondit sur Seere et l’emporta entre ses griffes.
− Seere ! hurla Léonard.
Le golem tenta d’attraper le rapace en agitant ses grosses mains noueuses, mais le griffon fut bien plus vif que lui.
− Oh ! s’exclama le sylphe, le têtard s’est envolé ! Alors c’est comme ça que tu laisses ton nouveau frère mourir ? J’avais pensé que tu ferais preuve d’un peu plus d’inventivité, Léonard ! Je suis déçue !
− Il faut le rattraper ! s’exaspéra Léonard.
− Bien sûr, répliquait la fée en pouffant, fais-toi pousser des ailes et va donc le retrouver ! Toi qui es l’ange gardien de ce gosse !
Arioch posa ses yeux aux lueurs fantomatiques sur Léonard et émit un ronronnement :
− Dis-moi, Léonard… Si je le sauve…il sera à moi ? Je pourrais l’avoir ? Tu me le laisseras ? Hein ?
Léonard pâlit. Il se tourna vers Caim et le dragon. Las, Caim savait déjà ce qu’il allait lui demander. Le dragon rouge faisait déjà fléchir ses membres :
− Montez sur mon dos.
− Quelle nuisance, grailla le sylphe, je déteste les enfants ! Si seulement ils pouvaient tous mourir !
Il cracha sur le sol.
− Seere…, gémit le golem.
− Nous ramènerons ton allié à la montagne Cobalt, lui déclara le dragon. Rends-toi là-bas si tu désires y retrouver ta moitié.
Prenant la voie des airs, ils abandonnèrent le golem derrière eux.
− Aucune trace du griffon, maugréa Léonard. Il nous a échappé...
− Silence ! répliqua le dragon. Ecoutez…
Caim s’efforça d’instaurer le vide dans son esprit. Alors, apeurée et penaude, la voix de Seere se fit entendre dans sa tête :
« Je suis désolé ! Je suis désolé ! J’ai essayé de me défendre, mais ce monstre s’est jeté sur moi ! Je suis dans le Colisée. Par pitié, Léonard ! Aide-moi ! »
− Le Colisée ? Quel est cet endroit ?
− Je sens sa présence, dit le dragon, je sais où il est.
− Alors allons-y vite ! s’écria Léonard.
L’aveugle n’avait jamais semblé aussi déterminé.
♋ - ♑
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