Chapitre 16

Drakengard 1 adapté en roman par Nashira
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Nashira
L'Œil Écarlate
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Chapitre 16

Message par Nashira »

Chaque chose en son temps, la stratégie arrive peut-être à la masse, mais comme on le dit, ''mieux vaut tard que jamais'' ! :)
Un petit chapitre encore une fois, où j'avais essayé de mettre en distinction le côté ''prince déchu'' de notre bien-aimé muet antipathique.

Chapitre 16
A la lueur des flammes

Le le monde est-il l’enfer ou l’enfer est-il le monde ?
Assis près du feu, taraudé par cette question, Caim contemplait les flammes d’un regard vide. Il ne parvenait pas à réfléchir. Son esprit était trop profondément ensevelit sous la rage et la frustration causés par l’échec de leur mission au temple marin.
Furiae dormait près de lui, étendue sur un drap. La lueur des flammes dansait sur son visage blanc. Les dunes du désert s’envolaient en poussière. Leurs cristaux dorés pailletaient dans l’air du vent. Les soldats de l’Union veillaient, concentrés autour des feux qu’ils avaient allumés pour se protéger du froid impitoyable du Désert Lunaire.
Arioch furetait de tente en tente, telle une hyène errante. Léonard se tenait non loin d’elle, aussi immobile et silencieux qu’une statue. Verdelet conversait intensément avec le commandant de la troupe de l’Union. L’oreille de Caim percevait leur conversation :
− Nous nous devons de cacher la déesse quelque part à l’abri des regards, disait l’évêque. J’ai vu tout à l’heure le nuage noir de chauves-souris aux yeux rouges passer au-dessus du désert. Les espions de l’Empire nous surveillent. Nous ne pouvons pas rester en ces lieux.
− Mais où trouver un havre ? demanda le commandant à l’air farouche, il n‘existe plus d’endroit qui n’ait pas été dévasté par ces soldats aux yeux de braise ! Ils envoûtent même des monstres ! Des monstres dans leurs rangs !
− Les terres arides et gelées sont inhabitées, bougonna lentement Verdelet, ces terres enclavées dans les montagnes pourraient être un lieu astucieux pour dissimuler le sceau de la déesse…
Le visage du soldat farouche se piqua d’incrédulité :
− J’ai entendu des rapports de troupes qui avaient fait marche dans ces terres maudites. Savez-vous ce qu’ils racontaient ? Les ogres ont quittés leur grotte pour rejoindre les valons. Les gobelins brandissent les fourches et les griffons sont leur monture.
− Ces vautours répugnants ne peuvent rien contre mon souffle, dit soudain le dragon qui les écoutait, caché dans l’ombre de la falaise. Si les ogres font réellement pèlerinage dans les vallées, alors les montagnes seraient effectivement un endroit de choix pour y dérober la déesse du regard de l’Empire.
Caim hocha le menton pensivement. Si les terres arides et gelées pouvaient servir de cachette, aussi hostiles qu’elles puissent être, alors il fallait s’y rendre pour y cacher Furiae.
− L’Union est fin prête à faire face aux troupes de l’Empire dans le grand combat, déclara le commandant en se martelant le cœur du poing, et elle vaincra les forces maléfiques des envoûtés aux yeux rouges !
− Quand aura lieu l’offensive ? demanda le dragon, son regard brillant du même éclat que celui de Caim.
− Nos soldats attaqueront lorsque la lune aura totalement disparut dans le ciel. L’affrontement se fera dans les plaines qui bordent la gigantesque montagne Cobalt, le dernier rempart se dressant devant la capitale impériale.
La capitale impériale. Ce nom résonnait comme un blasphème aux oreilles de Caim. La grande cité aux deux tours. Deux tours jaillissant des entrailles de l’enfer. Deux tours pour défier l’infinie. Deux tours pour empaler le ciel. Deux tours… et le nid de tous les démons.
Le dragon se dressa et courba son dos puissant :
− Nous irons nous aussi nous battre dans cette guerre.
Caim trouvait toujours ignoblement dégradant la perspective de devoir dépendre de ce monstre écoeurant pour exprimer ses pensées. Depuis qu’il l’avait perdu, il avait réalisé à quel point le dont de la parole était cher. Le cœur battant, il se jura à lui-même que lorsque se terminera l’instant de la grande bataille, ses parents seront enfin vengés...
« Tes rêves de vengeance te conduiront à ta passion »
La colère et la haine du dragon lacérèrent l’esprit de Caim. L’exécration qui régnait entre les deux êtres allait contre tous les principes d’un pacte. Elle était telle, qu’on pouvait presque la palper dans l’air.
− Inuart !
Furiae s’était réveillée en sursaut. Dressée sur ses coudes, une main crispée sur son cœur, sa respiration était essoufflée. Ses cheveux épars striaient son doux visage terrifié. Ses yeux brillants se posèrent sur son frère :
− Caim ! hoqueta-t-elle, éperdue.
Il s’agenouilla près d’elle et l’attrapa par les épaules. Son regard exprima la regret en même temps que le dragon parla pour lui :
− Furiae. Le sceau marin a été détruit. Pardon.
Furiae secoua la tête :
− Caim, haleta-t-elle, Inuart… Inuart… !
Caim resserra la poigne de ses mains sur les épaules de Furiae, excédé malgré lui. Quand donc allait-elle admettre qu’Inuart était mort ? Pourquoi s’affligeait-elle tellement à ce sujet ? Le poids du Sceau n’était-il pas assez lourd à lui seul ? Craignant de sa propre réaction, il préféra éloigner sa sœur de lui-même. Violemment, il souleva Furiae dans ses bras, la conduit sous sa tente et l’y abandonna pour retourner s’asseoir seul près du feu.
Les soldats de l’Union le fixèrent, cois. Caim pouvait entendre les voix de leurs conciliabules :
− Dame Furiae… Prisonnière des sables du désert…
− Maître Caim, Dame Furiae…
− Les nobles souffrent tellement…
− Que penserait notre roi, s’il voyait notre décadence…
Les ongles de Caim s’enfoncèrent dans ses paumes. Les flammes du feu face à lui semblèrent durant un instant prendre la forme d’un monstre noir aux yeux rouges...
Une main froide se posa sur son épaule. C’était celle de Verdelet :
− Caim, va vers les dieux, lui dit l’évêque, seule la foi pourra apaiser ton âme…
Le jeune homme grimaça en s’arrachant à sa main. Le dragon poussa un ronronnement moqueur. Caim n’avait pas besoin de se demander ce que la créature pensait...
♋ - ♑
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