Chapitre 13

Drakengard 1 adapté en roman par Nashira
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Nashira
L'Œil Écarlate
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Chapitre 13

Message par Nashira »

Un chapitre qui compte parmi ceux qui sont là pour ''meubler''...
La relation que j'illustre entre Arioch et ses partenaires de pacte est pure invention de ma part... après, on adhère, on n'adhère pas ^^

Chapitre 13
Foi odieuse

Un baume de soulagement enveloppa le cœur de Furiae quand elle aperçu une grande ombre pourpre planer dans le ciel de la nuit glaciale.
− Caim est de retour, souffla-t-elle avec félicité.
Léonard orienta sa tête dans la direction d’où revenait Caim et ressentit une aura intrigante.
Furiae s’élança vers son frère, heureuse d’apercevoir une troisième silhouette sur le dos du dragon. Mais ce n’était pas ce qu’elle croyait. Arioch se laissa glisser le long des écailles du dragon et se reçut avec souplesse et la fixa de ses yeux morts. Furiae frémit…
L’elfe resta un instant immobile, avant de bousculer Furiae pour aller rejoindre Léonard dont elle devinait la présence près du feu. Les pas d’Arioch étaient infimes et silencieux, même pour les oreilles de Léonard. Elle semblait comme marcher sur l’air, sans faire rouler aucun grain de sable sous sa botte. Elle abandonna cependant cette furtivité naturelle de chasseresse lorsqu’elle se laissa tomber lourdement sur son séant. Elle replia ses genoux contre sa poitrine et noua ses bras autour de ses jambes. Se balançant d’avant en arrière, elle se mit à fredonner un air de comptine.
Le sylphe émit un sifflement :
− Un elfe… Quelle créature pitoyable ! Presque autant que vous, les humains.
Léonard braqua son visage vers l’endroit où se trouvait Arioch. Une Elfe ! Il pouvait ressentir toute la beauté qu’incarnait cette gent, comme si il la voyait ; le corps svelte mais puissant, un visage de perfection aux tracés incomparables. L’elfe n’était cependant pas seule… Léonard sentait dans l’air une lourdeur inhabituelle, la présence de deux êtres désincarnés. Des esprits. Des partenaires de pacte.
Cette elfe avait passé un pacte avec des esprits élémentaires. Léonard tenta de communiquer avec elle par échange mental, sans y parvenir.
Il se risqua à lui parler :
− Alors c’est toi qui nous as lancé cet appel, dit-il, quel est ton nom ?
Pas de réponse. Arioch continuait de se balancer en bredouillant. Ses cheveux noirs et lisses ondoyaient au gré de ses mouvements, brillants sous les halots que dégageaient Ondine et Salamandre.
− Arioch n’est qu’un poids de plus sur mon dos, dit la voix sifflante du dragon. S’encombrer d’une elfe folle est là bien l’idée d’un prêtre...
Il s’étendit contre les rochers de la falaise, juste derrière Léonard. Le silence tomba.
Furiae, Caim et Verdelet les rejoignirent. Comme l’ecclésiastique avait demandé à Furiae de ne pas s’approcher d’Arioch, elle s’assit par terre près de Léonard. Caim prit place de l’autre côté du feu. Un certain temps passa, sans que personne ne parle. Seule la complainte d’Arioch bruissait plus fort que le crépitement du feu. Salamandre et Ondine s’étaient lancés dans une volte fébrile autour de son corps. Les deux éléments s’enlaçaient sur elle d’un sens, d’un autre, passant par un endroit, revenant par un autre, tournant, toujours plus vite, toujours plus près. Jusqu’à ce qu’ils disparussent.
Le dragon plissa ses yeux perçants :
− Les êtres sans corps ont toujours été envieux d’une enveloppe de chair. Cette elfe à l’âme dérangée n’est certainement plus qu’une coquille vide. Un corps parfait pour ces esprits désincarnés…
Cette perspective fit frémir la déesse :
− Veux-tu dire que ces êtres ont pactisés avec elle uniquement pour s’accaparer son corps ? interrogea-t-elle de sa voix claire et douce.
− C’est évident, dit le dragon. Ces esprits se languissaient d’un corps où s’abriter. C’est l’unique raison qui les a poussés à pactiser avec cette elfe…
Il pointa son museau sur Léonard :
− Tout comme ce sylphe, dit-il. Les sylphes ne vivent que pour railler. Léonard était sans doute la proie parfaite.
Un frisson parcourut l’échine de l’aveugle. Perché sur son épaule, le sylphe s’égosilla :
− Ainsi tu as percé notre petit secret à jour ! Vous les dragons, vous êtes arrogants, mais vous ne manquez pas de perspicacité ! C’est vrai. Léonard était un sujet de choix, une opportunité unique ! N’est-ce pas, sinistre crétin ?
Léonard baissa la tête, et le sylphe rit de plus belle :
− Il n’avait même pas eut le cran de terminer le travail commencé ! Si je désirai le garder en vie nous devions passer un pacte ! Mais je ne regrette rien. Cela en valait la peine ! Depuis, je ris de l’aube au crépuscule ! Hé ! Léonard ! Tu entends cela ? Nos amis savent maintenant que tu n’es qu’un chien galeux qui a abandonné sa portée de frères à l’Empire pour mieux pouvoir fuir, la queue entre les jambes ! Les pauvres enfants, franchement ! Pauvres enfants, pauvres enfants !
− Des enfants ? sursauta Arioch qui eut pour la première fois une lueur de vie dans ses yeux lacunaires. Où sont ces enfants ? Dis-moi ! Je veux les voir, je veux les voir !
Voilà donc la raison de la pitié mortelle de Léonard envers les conscrits dans la forêt du sceau… Malgré la culpabilité, Léonard s’était raccroché à la vie… Les affres de la mort faisaient faire des folies aux hommes…
− Montrez-moi ces enfants ! Je veux les voir !
Le réveil soudain d’Arioch était insolite. Caim se tint sur ses gardes. D’un instant à l’autre, l’elfe pouvait se transformer en prédateur insatiable, il en avait fait les frais. Mais Arioch replongea bien vite dans sa phase secondaire, étrangère au temps et à l’espace.
Le cœur des compagnons était lourd. La destruction du sceau du désert hantait l’esprit de Caim. Malgré tous ses efforts pour le protéger il avait faillit, et c’était à sa sœur d’en supporter les conséquences. Cette injustice l’exaspérait. Pourquoi Furiae devait-elle porter tous les maux de ce monde corrompu ? Pourquoi une femme se devait-elle d’incarner le sceau suprême et vivre en martyre ? Ce cycle persistait depuis si longtemps que les hommes en avaient oublié la raison…
Le plus important était de garder intact les sceaux restants, à savoir le sceau de la forêt et le sceau marin. L’Empire avait déjà cherché à détruire le sceau de la forêt, il cherchera certainement à attaquer celui du temple marin.
Ses soldats s’étaient battus comme des monstres lors de l’assaut du temple du désert. Qu’est-ce qui pouvait bien les animer de la sorte ?
Le mystère du message de sang tracé au village des elfes n’avait toujours pas été percé. Ces mots en pourpre tournaient et masseraient dans la cervelle de Caim. Distraitement, il le retraça dans le sable avec son doigt :

Ne parle pas des Archanges,
Ne peint pas les Archanges,
N’écrit pas les Archanges,
Ne sculpte pas les Archanges,
Ne célèbre pas les Archanges,
N’appelle pas le nom des Archanges

− Que sais-tu du culte des Archanges, Verdelet ? demanda le dragon.
Verdelet frissonna sous cette question :
− L’Empire cherche à détruire les Sceaux. Et voilà qu’il s’est allié à ce culte démoniaque ! Quelle union sacrilège !
− Quelles sont les idoles de ce culte ? Parle !
− Les Archanges, dit Verdelet. On ne doit pas dire leur nom… On ne doit pas savoir qui ils sont… Il n’y a rien de plus démoniaque que ce culte ! Il n’y a qu’à voir ce qu’il a fait des hommes de l’Empire ! Cette lueur pourpre dans leurs yeux ! Ils sont comme des marionnettes ! Même les dieux ne peuvent plus rien pour eux !
Les yeux du dragon s’allumèrent d’une rage amère. Des fumerolles de souffre s’échappèrent d’entre ses crocs luisants et sa voix se remplit de haine :
− Les dieux ? Ces imposteurs qui imposent le sacrifice d’une femme ? Ha !
Caim se dressa sous la colère que lui communiquait son partenaire de pacte. A côté de lui, Furiae baissa le visage bien bas.
− Oui, Caim, cracha le dragon avec hargne. Si vos idoles sont aussi miséricordieuses que vous le dites, pourquoi réclament-elles des sceaux ? Pourquoi réclament-elles des déesses ? Les tourments de ta sœur ne prendront jamais fin. Le monde en lequel vous croyez n’est qu’un mensonge !
Prise d’un sanglot, Furiae partit se réfugier sous les rochers un peu plus loin. Verdelet voulu la poursuivre, mais il trébucha dans le sable. Caim soupira avec amertume. Il savait pertinemment que le dragon disait vrai. Furiae le savait aussi. Verdelet le savait de même :
− La déesse, sa mission, ses souffrances… Pardonne-moi, Caim, supplia Verdelet.
♋ - ♑
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