Chapitre 31

Drakengard 1 adapté en roman par Nashira
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Nashira
L'Œil Écarlate
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Chapitre 31

Message par Nashira »

Un mot me viens lorsque je vois ce dénouement... 'minable' xD Je ne savais plus quoi trouver pour terminer ce truc. Pas de big Manah, à la place un petit jeu qui pourrait évoquer un passage dans Drakengard 2...
Quant à Lénoard, Arioch et Seere...

Chapitre 31
Sceaux

− Mais quel pacte contre nature as-tu donc passé avec ce dragon, Caim ? répétait sans cesse Verdelet.
− Regardez, s’exclama Seere, le dragon suprême tombe !
− Sommes-nous sauvés ? souffla Léonard. J’ai la sensation que ce monde n’est plus qu’un long cri de douleur…
− Imbéciles ! criailla le sylphe. Les Germes sont toujours là ! Le ciel est toujours pourpre ! Le chaos dévore le monde !
Dans ce terrible moment d’horreur, Seere se sentait d’une inutilité honteuse. Qu’il soit l’Enfant Prodige ou qu’il ne le soit pas, il ne possédait pas le pouvoir de sauver le monde du chaos. Des larmes cristallines remplirent ses yeux.
− Oh, Golem, gémit-il. Que devons-nous faire ?
− Les Sceaux sont brisés, dit une voix monstrueuse. Il n’y a plus rien à faire. Je suis indestructible.
Tous sursautèrent en faisant volte-face.
De l’autre côté de la place, à l’entrée du dernier édifice encore debout parmi les décombres, une petite silhouette vêtue de rouge dansait.
− Qui est cette enfant ? chevrota Verdelet.
− Manah…, murmura Seere.
La sœur de Seere s’immobilisa. Son sourire était immuable, ses yeux pourpres brasillaient de milles feux. Sa voix de démon chantait les spaumes du culte des Archanges :
− Ne parles pas des Archanges. Ne peins pas les Archanges. N’écris pas les Archanges. Ne sculpte pas les Archanges. Ne célèbre pas les Archanges. N’appelle pas le nom des Archanges !
Elle rit de sa petite voix de fillette.
− Manah je t’en supplie, arrêtes ! supplia Seere en accourant vers elle.
− Seere, ne t’approche pas d’elle ! somma Léonard en le retenant par le bras.
Seere se débattit de toutes ses forces, mais l’aveugle le tenait bon :
− Non ! criait Seere. Léonard, laisse-moi ! Manah ! Je t’en supplie, cesse de répandre le mal ! Manah !
Le rire de la voix monstrueuse de Manah retentit :
− Vous êtes tous stupides ! Vous ne pouvez rien faire contre moi ! Mais vous refusez toujours de comprendre !
Seere cessa de se débattre. Arioch se dressa devant lui et Léonard, flanquée par Ondine et Salamandre. La lueur de ses deux partenaires de pacte nimbant son corps, elle tendit le pommeau de sa hache vers l’avant et s’exclama d’une voix remplie de chagrin et de folie :
− Mes enfants !
Elle se rua telle une lionne enragée. Manah n’esquissa pas un mouvement. Elle savait que les Archanges étaient invincibles. Seere parvint à se démettre de l’emprise de Léonard et se précipita en hurlant :
− Non, Arioch !
− Seere ! appela désespérément Léonard.
Seere se jeta dans les jambes d’Arioch. Lui et elle chutèrent en roulant furieusement sur le sol. La hache de l’elfe glissa sur le pavé. Arioch se releva avec souplesse et rapidité. Elle attrapa Seere par le cou, enfonça ses doigts dans sa petite gorge et le plaqua au sol avec une folie meurtrière.
Seere hoquetait de peur et de douleur. Le golem étouffait avec lui en piétinant le sol. Ondine et Salamandre tournoyaient d’une volte diabolique autour d’Arioch. Elle le rua de coup et le lacéra de ses ongles. Un tintement retentit, suivit d’un bruissement de chair. Arioch s’arrêta net. Seere sentit se déverser sur lui la tiédeur d’un sang rouge de démence et d’amour. Les griffes de l’elfe se relâchèrent à son cou. A travers les vapeurs liquides de ses yeux débordants de larmes, Seere vit luire la noirceur d’une barre de métal, plantée dans le ventre d’Arioch. La main sanglante de Léonard soutenait la hampe de l’instrument meurtrier.
La volte de Salamandre et Ondine s’arrêta. Un filet de sang ruissela aux coins des lèvres d’Arioch. Elle baissa ses paupières et fixa le bâton qui l’empalait là où sa matrice n’existait plus. Elle regarda Léonard en tressautant d’un petit rire, et ses yeux devinrent étranges. Lentement, elle fit glisser ses doigts le long de son ventre puis le long du bâton, jusqu’aux mains de Léonard. Là, elle l’aida à enfoncer l’arme encore plus profondément en elle. Des bouillons de sang remontèrent dans sa bouche. Sur ses joues ruisselaient les eaux salées de la tristesse. Les spectres Salamandre et Ondine explosèrent dans une tornade de flammes et d’écumes.
Arioch et Léonard étaient morts. L’éclat irréel qui avait illuminé le regard d’Arioch avait-il été celui de la lucidité ? Le frémissement sur la bouche de Léonard avait-il été l’ombre d’un sourire ? Ce voile si fin et si fragile qu’ils venaient de traverser, cette limite entre la vie et la mort, l’avaient-ils franchie en pensant au bonheur de retrouver enfin ceux qu’ils avaient perdus ? C’était tout ce que Seere pouvait espérer…
Verdelet avait assisté à cette scène en se terrant derrière toute la passivité de son égoïsme.
Le rire machiavélique de Manah résonna en échos. Les yeux pourpres de la petite fille étaient écarquillés de folie tandis qu’elle faisait face aux Germes de la Résurrection :
− Maintenant est le temps de ressentir l’amour divin ! annonça-t-elle en brandissant ses bras. Un amour puissant ! Hallucinant ! Irrépressible ! Il vous écrasera sous son formidable poids !
− Tant de haine concentrée dans le corps d’une enfant ! s’effraya l’évêque. Puissent les dieux avoir pitié d’elle…
Seere se recueuillit sur le cadavre de celui qui était mort pour le protéger. Les gouttes de ses larmes s’écrasèrent dans les yeux vides de l’aveugle.
− Golem…, gémit Seere. C’est ma faute si Léonard… Qu’est-ce que ce je suis sensé faire maintenant ?
Un vent fit tourner les pages du livre de conte près de Seere. Les feuillets défillèrent comme portés par une main invisible et s’immobilisèrent à la page qui annonçait l’exploit de l’Enfant Prodige. Seere renifla et prit le livre entre ses mains.
Tremblant, il lu à voix haute :
− ...mais le monde fut plongé dans le chaos. Et alors l’enfant s’éveilla. Il dit : ‘’Maintenant, je dois agir.’’ Le guerrier marcha jusqu’au bout de la terre. Là, il vieillit, devint faible et mourut. Mais le Temps avalé donna naissance à un nouveau monde. On appela ce héros ‘’l’Enfant Prodige’’.
− Seere briser Temps, gronda le golem. Briser…Temps…
La brillance smaragdine dans le regard de Seere scintilla plus fort. Il savait maintenant ce qu’il devait faire. Murmurant pardon à Léonard et à Arioch, il se recroquevilla sur lui-même à leurs côtés et ferma les yeux…
− Les Archanges savent parler ! chantait Manah. Les Archanges parlent ! Ils…
Un rugissement dévora ses paroles. Et de la tour frappée par le tonnerre, un homme aphone et son dragon plus pourpre que le sang apparurent. L’homme brandissait dans son poing la lame éclatante de la vengeance, le feu jaillissant de la gueule de sa monture brasillait d’un éclat irréel. Ils atterrirent en faisant trembler le sol.
Les yeux de Manah se plissèrent devant la magnificence de cette apparition, et ses lèvres s’étalèrent en un large sourire :
− Attrape-moi si tu peux ! lança-t-elle sur un ton malicieux.
Elle se précipitta dans le temple en riant.
Caim sauta de sa monture et se précipita à sa poursuite, considérant froidement les corps gisants de Léonard, Arioch et Seere et lançant un regard assassin à Verdelet.
− Caim, dit l’évêque à genoux sur le sol, je te supplie de…
− Silence ! trancha le dragon. Seuls ceux qui se battent pour survivre ont le droit de parler !
Verdelet s’ébranla sous cette profération. Les tons rouges dans le ciel se mouvaient avec toujours plus d’anarchie. Dans les décombres autour d’eux se dessinaient les globes rutilants des Germes de la Résurrection. Caim continua de marcher à travers les ruines ardentes de l’Empire et gravit les marches du temple.
« Prépares-toi à entrer dans l’antre de la folie. Ne crois en rien d’autre qu’en la certitude de ton épée car ici, tu es en enfer »
Le temple se dressait devant lui, unique bastion de cette Cité perdue. Caim y pénétra, accompagné de l’âme du dragon.
La noirceur remplissait ses lieux cabalistiques. Des colonnades de piliers cunéiforme s’élevaient le long des murs obscurs. Accrochées à chacune de leur face, des chandelles scintillaient dans les ténèbres. Le carrelage miroitait d’un reflet purpurin. La hauteur du plafond n’était pas visible. Un grand tapis rouge se déroulait jusqu’à l’autel, là où se tenait un Germe de la Résurrection. Caim observa cet endroit avec défiance.
Soudain s’éleva l’écho d’une voix de fillette :
− Qu’est-ce que tu comptes faire, guerrier ?
Caim se précipita vers la source de ce son. Le bruit de ses pas était un tintement énigmatique sur le carrelage. Mais il n'aperçu qu’une ombre fuyante dans les ténèbres. Un rire s’éleva dans son dos et il fit volte-face. Rien. où était-elle ?
− Tu crois vraiment pouvoir m’arrêter ? riait la voix qui se répercutait en écho partout autour de lui.
Caim donna de la tête à gauche, à droite. Mais il ne voyait toujours rien. Ses yeux bleus flambants de vengeance, il la chercha dans chaque recoin du temple. Mais chaque fois qu’il pensait l’avoir cernée, il ne découvrait que le mouvement d’une ombre furtive, succédé par le rire amusé de l’enfant sacrilège. Caim sentait progressivement ses nerfs s’aviver sous sa peau. Il la croyait à un endroit, elle était à un autre. Il pensait l’avoir entendue qui était devant, elle était derrière. Apercevait-il une ombre à dextre, elle se trouvait à senestre. Ce petit jeu exaspérait toujours plus. Il n’était pas là pour jouer à cache-cache !
Manah finit par apparaitre devant l’autel. Les mains croisées dans son dos, elle le fixait avec un sourire. Caim se dirigea vers elle d’un pas solennel. Le murmure argentin de son épée réclamait son sang. Ses prunelles flamboyaient de haine. La prêteresse du culte des Archanges était enfin à sa mercie. Mais Manah était plus confiante que jamais.
− Imbécile. Il est inutile de lutter, dit-elle de sa voix monstrueuse. Les sceaux ont été détruits. La déesse n’est plus. Ne voudrais-tu pas revenir auprès d’elle ? Si tu me laisses accomplir le rituel final, elle pourait revenir vers toi…
Caim tomba en arrêt. Son épée se mit à trembler entre ses mains. Le sourire sur les lèvres de Manah s’exacerba :
− Oui, dit-elle. Les Archanges aiment ceux qui les aiment. Si tu te joins à eux, ils te rendront tout ce qui t’a été prit… Ta sœur… Ton ami… Tes parents…
Ces deux yeux pourpres insufflèrent à Caim une sorte de servilité ineffable. Il se sentit soudainement comme éviscéré de tout sentiment, ne ressentant plus aucun amour ni aucune haine. Il se sentit comme si son âme défaillait, rattrapée entre les griffes sanglantes des Archanges dont la voix chantait les promesses de ses rêves les plus secrets…
Les yeux de Caim clignotèrent d’une lueur pourpre. Mais alors qu’il était prêt à sombrer sous l’emprise des pouvoirs de Manah, une voix transcenda dans les ténèbres de son cœur, plus puissante et plus merveilleuse que n’importe quel autre son :
« Caim, souviens-toi de notre pacte, sois fort ! Regarde-la, voilà ton adversaire ! Elle est leur chef ! Elle est l’ennemie de toute l’humanité ! »
La force qui remplit Caim fut si hallucinante qu’elle évinça la prêtresse des Archanges hors de son esprit. L’enfant maléfique recula, désemparée devant l’énergie qui conférait à Caim une telle puissance. La confiance dans ses yeux brasillants se mua en crainte…
Caim pointa l’estoc de son épée en savourant tout le plaisir que lui prodiguait la terreur de Manah acculée devant lui. Il laissa s’écouler le suspens comme pour exciter davantage la vengeance qui bouillonnait en lui. Il promena la pointe de son épée partout sur Manah, s’attardant sur chacun des points vitaux, sans parvenir à se décider lequel il allait percer en premier.
Les hoquets terrifiés de sa proie faisaient vibrer chaque parcelle de son corps. Le sourire qui tranchait ses lèvres était d’une perversion indicible. Il le vivait enfin, cet instant tant attendu de venger tous les tords qui lui avaient été faits !
Mais alors qu’il s’appêta à commettre l’acte ultime, une main vint s’abattre sur son épaule. Caim tourna violemment la tête. C’était Verdelet.
− Je t’en prie Caim, je suis évêque, dit-il de sa vieille voix. C’est mon devoir…
Caim renâcla.
Verdelet brandit son bourdon et commença à énoncer ses psaumes imprononssables. Mais la prêteresse des Archanges semblait ignorer la menace de cette risible magie…
− Pitoyables humains, maugréa-t-elle. Toujours ce désir de survie… Pathétiques… Pathétiques !
Il y eut un éclair blanc aveuglant, et le sort jeté par Verdelet percutta Manah de plein fouet. La fillette irradia d’une lueur maléfique. Elle renvoya le maléfice de Verdelet qui fit s’écrouler les colonnes du temple. Sans soutient pour tenir, le plafond du sanctuaire s’effondra. Caim précipita Verdelet à l’extérieur. Le plafond dégringola sur Manah en un grand fracas.
Quand Caim se retourna pour contempler les ruines du temple, il ne tenait encore que quelques parties des quatre murs. Gisant au centre de cette ruine sous l’éclat du ciel pourpre, encerclée par les globes irrisés des Germes de la Résurrection, Manah riait. Ses yeux autrefois rutilants d’un éclat pourpre n’étaient plus maintenant que deux prunelles d’un rouge terne, sans étincelle aucune.
Caim, le dragon et Verdelet s’approchèrent de cette pauvre créature impuissante.
Manah releva son visage blanc et sourit :
− Oh, stupides, stupides, vous êtes tous tellement stupides ! prononça-t-elle, secouée de rires incontrôlés. Vous fuyez devant la Résurrection !
Elle se remit sur ses petites jambes et leva les mains vers les cieux pourpres. La voix diabolique des Archanges semblait avoir définitivement quitté son gosier de fillette :
− Le Jugement divin est là ! annonça-t-elle. Le jugement dernier ! Nous allons tous nous métamorphoser ! Et enfin être aimés ! Caim la repoussa violemment et elle se ramassa sur elle-même sans rien dire. Elle le contempla de ses yeux délavés :
− Tu me hais, n’est-ce pas ? lui demanda-t-elle en souriant.
Caim resta sans bouger, hargneux. Son visage était impénétrable, lisse et froid comme un masque de marbre. Manah se releva et posa ses mains sur sa poitrine. Sa petite voix était candide mais ses mots terribles :
− Tue-moi, si tu veux.
Caim la fixa, incrédule et dubitatif. Bien que le désir de la tuer ne lui manquait pas, il demeura passif et attendit. Manah se mit à gambader autour de lui :
− Courage, guerrier ! Tue-moi ! Qu’est-ce qui te retient ? Extermine la petite Manah ! Quelle importance ? Je suis adorée des dieux ! Même maman m’aimera, maintenant !
L’épée frémissait dans le poing de Caim. Le dragon restait parfaitement immobile, le dos voûté, son œil d’or sceptique. Verdelet regardait Manah avec inquiétude. La petite fille cria de plus en plus fort et elle s’accroupit. Recroquevillée sur elle-même, elle enfouit son visage dans ses mains :
− Tue-moi ! larmoya-elle. Tue-moi ! Si tu ne le fais pas, je… Je ferais quelque chose ! Tu le regretteras ! Tu me hais, n’est-ce pas ? Alors n’attend pas plus, tue-moi ! Tue-moi, allez ! Oh, ne me hais pas maman ! Regarde ! Je vais mourir, tu vois ?
Caim resta de glace. Il savait que la prêteresse-enfant avait ouvert les yeux et vu en face toute la monstruosité de ses crimes, sans qu’elle ne puisse le supporter. Quoi de plus vengeur que de contempler Manah mortifiée sous le poids de toutes les horreurs qu’elle avait commises ? Comme il ne bougeait toujours pas, Manah se précipita sur Verdelet :
− Ou toi alors ! s’écria-t-elle. Ça n’a pas d’importance ! Tue-moi, je t’en supplie ! Tue-moi ! Fais-le !
Verdelet la repoussa vivement. Elle retomba en arrière et les regarda de ses yeux noyés dans les larmes. Le dragon s’avança, ouvrant son énorme gueule aux crocs luisants. Sa langue siffla avec la voix de la rétorsion :
− Caim ne te pardonnera jamais. Tu ne mourras pas aussi facilement...
Manah recula sur le sol en lui jetant un regard terrifié. Caim rengaina son épée. Il venait de prendre sa décision quant au destin qu’allait connaitre Manah, l’enfant sacrilège.
− Le monde entier te méprisera ! proliféra le dragon, nul ne te pardonnera, jamais. Tu souffriras mille morts sous le poids de tes crimes ! Ta répemption est impossible !
− Non ! pleura Manah, suppliciée par les griffes impies du remords. Non, maman ! Excuse-moi, maman ! Je suis désolée, désolée, tellement désolée !
Elle continua ainsi jusqu’à ce que sa voix ne s’éteigne dans sa gorge déchirée. Elle resta par terre sans bouger, recroquevillée sur elle-même, versant toutes les larmes de son petit corps. Le dragon arqua son cou et maugréa :
− Notre seul moyen de survivre est une déesse. Qui va bien pouvoir devenir le sceau ?
Verdelet soupira profondément, éperdu dans la contemplation de ses chausses :
− Encore un sacrifice, chevrotta-t-il. Je ne suis pas un évêque, je suis un bourreau…
Le dragon balaya le monde de son œil doré. Ce monde chaotique n’était pas pour les hommes… Il posa son regard perçant à la pupille verticale sur Caim, et ses naseaux vibrèrent d’un profond soupire :
− Caim, dit-il. Je suis fatigué. Caresse-moi encore une fois…
Caim le caressa tendrement. Il se redressa alors, empli d’une nouvelle force.
− Moi, déclara-t-il. Je serais le nouveau sceau.
Caim sursauta. Verdelet écarquilla ses yeux pâles d’incrédulité. Le regard du dragon était ineffable.
− Je deviendrais le nouveau sceau. Aucun humain n’a ma force, dit-il à Caim.
Toute l’âme de Caim hurla de désarroi. Mais il ne sentit dans l’âme de son autre moitié aucune trace de réticence. Le dragon était fermement décidé à faire don de lui-même pour incarner la nouvelle déesse de ce monde hideux, malgré toute l’horreur de ce que ce sacrifice représentait.
− Mais, hoqueta Verdelet. Sais-tu bien à quoi tu t’exposes ?
− Dépêches-toi de me maudire, avant que je ne change mon avis, rétorqua le dragon.
L’évêque se prosterna aussi-bas qu’il put courber son dos de vieillard. Caim était tellement assaillit par la douleur et la frustration, qu’il resta incapable de penser ou bien de faire le moindre mouvement…


~


Perdu au cœur pourpre et enflammé de la Cité Impériale, palpitant dans le chaos du monde moribond, un son démentiel est perceptible…
− Cette fois Caim, je vais réussir !

Deux corps fusionnèrent dans l’œuf. L'obscurité s'ouvrit à la clarté d'une nouvelle ère.
Le sang de la mémoire des dragons bouillonne. L'évolution est inversée.
La coquille se brise. La voix de la terrible bête proclame le nom de la progéniture tant espérée :
"...Nowe..."
♋ - ♑
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