Chapitre 17

Drakengard 1 adapté en roman par Nashira
Répondre
Avatar du membre
Nashira
L'Œil Écarlate
Messages : 218
Enregistré le : 02 déc. 2006, 14:09
Localisation : Ici et ailleurs

Chapitre 17

Message par Nashira »

L'historique de l'arme ''Miséricorde Divine'' que l'on peut voir dans Drakengard 2 m'avait hautement aidé à mettre en scène le petit Seere, voilà quelque chose qui m'avait fait plaisir à l'époque. Pas grand chose d'autre à préciser, sauf peut-être que ce gosse est à plaindre ^^'


Chapitre 17
L’adieu d’une mère

Dans une contrée secrète enclavée dans les rochers méridionaux se cachait un village. Les gens qui y résidaient vivaient dans la simplicité de la vie.
La nature était bienveillante, les terres étaient prospères et fertiles, l’eau du fleuve était cristalline et abondante. Les troupeaux offraient de la bonne chair.
Dans ce village habitaient une femme et son mari, aimés de tous les habitants. Un jour, le couple apprit qu’il attendait son premier enfant. Pour fêter l’arrivée de la progéniture, une grande fête fut organisée.
Au milieu des parents et amis se trouvait un devin vêtu d’une somptueuse robe. Le devin offrit une dague aux futurs parents et leur dit : « Cette lame confère à celui qui la brandit la puissance d’un combattant aguerrit. Utilisez-la pour protéger votre descendance. »
Prenant l’arme dans ses mains, le mari sentit en effet une force nouvelle l’envahir. Le sorcier ajouta alors : « Deux enfants naîtrons. L’un du Ciel, l’autre des hommes. S’ils apportent le malheur veuillez les occire de cette lame. » A ces mots, le couple pâlit. Le mari brandit l’épée, mais le mage s’était évaporé. Après cela, la femme ne put chasser de son esprit les mots du sorcier et devint folle d’inquiétude. Quant au mari, l’épée lui permit de devenir soldat et il ne rentrait que rarement chez lui. Les mois s’écoulèrent et de ravissants jumeaux blonds naquirent.
Plus le temps passa, plus la contrée prospère se transforma en un endroit de désolation. Peu à peu, les terres perdirent toute leur fertilité n’offrit plus de quoi nourrir ses habitants. Sans pâture, les troupeaux se réduirent jusqu’à disparaître. L’eau du fleuve se tarit. Ce monde fertile était ainsi devenu une contrée de poussière décolorée, soufflée par un continuel vent de glace.
Et les choses allèrent toujours de mal en pis ; les monstres qui vivaient jusqu’alors reclus au-delà du vallon commencèrent à quitter leurs tanières à la recherche de nourriture, et les hameaux des hommes périssaient les uns après les autres sous leurs attaques.
Ce sort funeste n’épargna pas le village de Seere. Des monstres dénaturés et au regard rouge dévastèrent les maisons et trucidèrent tous les habitants. Gardé caché par sa mère dans une cavité derrière les rochers de sa maison, Seere était le seul survivant. Comme sa mère lui avait ordonné, Seere attendit le retour du calme pour se glisser hors de sa cachette.
Le village était maintenant le théâtre d’un bien terrible spectacle. Un enfant de six ans ne pouvait connaitre les mots suffisamment puissants pour décrire ce que voyaient ses yeux innocents. Les maisons étaient pour la plupart devenues des amas de ruines. Celles qui parvenaient encore à tenir sur leurs pivots étaient complètement saccagées. Avec le temps, elles finiront par s’écrouler. Sous les pierres rompues et partout sur le sol s’éparpillaient les restes ensanglantés que les monstres repus n’avaient pas entièrement dévorés. Des cadavres à semi dévorés… des os vidés de leur moelle… des chairs mâchonnées puis recrachées… des visages familiers n’étaient maintenant plus que des crânes broyés desquels avait jaillit la cervelle… Tant d’horreurs reflétées dans les yeux de l’enfant.
Seere poussa un cri d’angoisse lorsqu’il aperçu à l’angle d’un rocher un amas de chair qu’il reconnu comme la dépouille de son père. Seere n’était peut-être encore qu’un enfant, mais il comprenait ce qu’était la mort. Il savait que la loi instaurée par les dieux était imparable ; à eux la vie éternelle, la mort pour tous les autres.
Le petit Seere déglutit pour ravaler ses peurs et s’approcha, hésitant à voir l’horreur de près. Une voix parla alors, marquée par l’accent d’un amour exclusif :
− Tout va bien aller... Seere… Oh, Seere… Mon merveilleux petit chéri… Je n’aime que toi…
Seere vit volte-face et découvrit le corps de sa mère. Il s’approcha doucement et se pencha sur elle :
− Maman ? Réveille-toi, maman. Papa est mort…
Sa mère ne répondit pas. S’était-elle endormie ?
− Maman ? rappela Seere d’une voix douce, si je t’embrasse tu te réveilleras, hein ?
Il rapprocha ses lèvres du visage de sa mère déposa un baiser sur son front. Sa peau dégageait une chaleur maternelle… ou plutôt une fièvre de moribonde. Elle semblait paisiblement endormie. Mais à quel genre de sommeil s’était-elle abandonnée ? Elle ne respirait plus…
− Maman, dit Seere en secouant les épaules de sa mère par de petit mouvement timides, qu’est-ce que tu as ? Pourquoi tu ne réponds pas ? Maman…
Il tenta de tirer sa mère du sommeil durant longtemps. Il l’appelait de sa voix douce, il la secouait tendrement, il l’embrassait en lui murmurant à l’oreille. Mais rien n’en fit et elle resta sans bouger, sans parler, sans respirer. Et lorsque dans un dernier baiser Seere sentit que toute chaleur avait désormais quitté le corps de sa mère, ses yeux smaragdins s’emplirent de larmes :
− Tu n’aimais que moi, hein ? soupira Seere avec contrition. Juste moi… Moi… Seulement moi…
Il l’embrassa encore une dernière fois et alla se recueillir auprès du cadavre de son père. Dans son poing, l’homme serrait la dague de leur famille. Seere mit un certain temps pour arracher la lame à l’emprise de sa main crispée. Quand il y parvint, il la serra contre lui en jurant :
− Je te promets de retrouver Manah…
Puis, se relevant, il alla trouver sous les décombres de sa maison un objet auquel il tenait plus que tout. Un livre. Il le rangea dans un grand sac qu’il sangla en bandoulière sur ses petites épaules étroites avant de se mettre en marche, le cœur gonflé d’espoir, non sans se retourner une ultime fois vers sa mère en soupirant :
− Seulement moi…
♋ - ♑
Répondre