Chapitre 15

Drakengard 1 adapté en roman par Nashira
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Nashira
L'Œil Écarlate
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Chapitre 15

Message par Nashira »

N'aie aucune crainte, Ô Notre Reine Monstrueuse, Ondine et Salamandre savent parler =P
Les explications sur le prix du pacte de notre chère elfe aliénée seront révélées de la même façon que dans le jeu, je ne voulais pas gâcher ce moment au profil d'une confidence au coin du feu =)

Chapitre 15
La folie d’Arioch

« Si seulement j’étais plus fort… »
Furiae ouvrit les yeux en sursaut. Pétrifiée par l’effroi, elle n’arriva pas à ce souvenir du mauvais rêve qui l’avait réveillée. Peut-être était-ce mieux ainsi.
Le sceau exerçait sur elle une charge implacable. Depuis la perte du temple du désert et du sceau qu’il recelait, le mal qui l’accablait s’était multiplié par deux.
Et son esprit subodorait déjà avec angoisse l’arrivée d’un nouveau fardeau. Les visions d’une mer déchaînée la percutèrent. Le sceau marin était en danger…
Elle se redressa maladroitement et jeta un regard autour d’elle. Les bannières de l’Union battaient au vent. Une troupe de soldat s’activait à monter le camp. Ils avaient dû arriver pendant qu’elle s’était endormie. Un homme à l’air farouche se présenta devant elle et s’inclina avec respect, avant de dire de sa voix martiale :
− Déesse Furiae. Maître Caim, votre frère, est partit au front…

L’océan s’étendait en dessous d’eux. Le bleu de ses profondeurs rivalisait avec la clarté opalescente du ciel. Les vagues éclataient en bouillons d’embruns. Le vent d’ouest charriait l’odeur du sel. Après avoir goûté à la nuit glaciale et éternelle du Désert Lunaire, Caim savourait ce climat avec bonheur.
Au-dessus d’eux, les rayons doré du soleil se réfractaient dans les poussières d’eau et donnaient naissance à des arcades de couleurs lumineuses. Arioch explosait d’hilarité et tendait ses doigts en tentant de capturer l’arc-en-ciel :
− La lumière ! La lumière ! De l’or pur… bleu… jaune… argenté… Pouvez-vous voir cela, mes enfants ? Regardez comme la lumière brille !
Léonard leva son visage durcit par l’appréhension.
− Je perçois un nuage maléfique…
− Cesses tes propos ennuyeux et prépares-toi au combat, grailla le sylphe qui était caché dans le col de sa veste. Qui sait ? Peut-être y aura-t-il d’autres conscrits à tuer, là-bas ? Ne serait-ce pas formidable ? Hein, Léonard !
− Le temple est là-bas ! s’exclama Verdelet en dénonçant d’un doigt osseux une petite île dominée par le temple.
− Et l’Empire aussi…, rajouta le dragon.
Caim se dressa et mit sa main en visière. Au loin il pouvait apercevoir les grands vaisseaux de guerre impériaux. Les étendards rouges flottaient au vent, en arborant leur armoirie hideuse. Les canons étaient toutes gueules dehors. L’île du temple périclitait déjà sous leurs feux.
− Le sceau ! hoqueta Verdelet, ils vont détruire le sceau ! Je t’en prie, Caim, fais plus vite !
Caim le lorgna d’un œil assassin. Le dragon battit plus fortement de l’aile et exécuta des cercles concentriques au-dessus de l’île. De là, Caim pouvait voir avec rage la folie destructrice de l‘Empire. Les troupes des soldats pullulaient sur terre. Comme des bataillons de fourmis. Pillant, détruisant, massacrant, ils ne traçaient aucune limite à l’ampleur de leurs crimes. Des enfants sans défense étaient jetés à la mer, où une mort certaine les attendait. Leurs hurlements de terreur parvenaient jusqu’à eux.
− Ces cris ! s’épouvanta Léonard.
− Ils assassinent les femmes et les enfants puis les jettent dans l’océan, tels les os lors d’un banquet ! se scandalisa Verdelet. Quelle atrocité !
− Tout le monde considère les petits comme des faibles, murmura le dragon, certains les protègent, d’autres les ignorent…
− Les infâmes ! pesta Arioch, tout ce gaspillage ! Je leur apprendrais !
− Haaa, l’elfe fait preuve de lucidité ? china le sylphe sur ton mielleux.
− Nous devons aidez les femmes et les enfants ! s’enhardit Léonard.
− Le sceau passe avant tout ! ordonna le dragon.
Il évaluait la situation en même temps que Caim. Dans la correspondance de leur esprit, Caim et sa créature avaient déjà planifié le déroulement de leur assaut ; de nombreux effectifs avaient été dirigés contre le temple et des renforts continuaient d’affluer par la mer et les airs. Ces derniers seront l’affaire du dragon. Pour le reste au sol, Caim et les autres s’en chargeront.
Le dragon vira de cap et plongea vertigineusement sur les ennemis en frénésie jusqu’à raser le sol.
- Sautez !
Epée au poing, Caim s’élança vers le temple marin, se taillant un chemin dans la foule des soldats ennemis. Léonard se battait pour venir en aide eux autochtones, alors que Verdelet avait préféré se cacher en retrait. Quant à Arioch...
Brandissant sa hache insolite, elle appela l’ennemi de sa voix démente. Tandis que les troupes impériales se massaient autour de son âme brisée, Arioch se contentait de sourire… L’ardent Salamandre et la limpide Ondine avaient jaillit de son corps, prêts à assurer sa protection. L’elfe exterminait l’ennemi avec une joie démentielle. Elle égorgeait, empalait, tranchait, pourfendait, et n’hésitait pas à user de ses ongles et de ses dents.
Au-dessus d’eux résonnaient les fracas du combat aérien que livrait le dragon. Ses flammes étaient l’absolution suprême. La mer engloutissait tour à tour les vaisseaux de l’armada impériale.
La bataille au sol ne cessa que lorsque Arioch eut terminé de massacré le dernier soldat à sa portée. Les femmes et les enfants rescapés l’observèrent leurs sauveurs avec suspicion. Cette femme, cette elfe, qui les regardait avec un sourire de diable leur faisait peur…
Arioch traînait des pieds, son souffle était entrecoupé par des hoquets de rire. Sa hache était cruentée jusqu’au manche. S’immobilisant face aux pauvres rescapés, l’elfe s’essuya le front d’un revers de main et passa sa langue sur ses lèvres.
− Lequel aura meilleur goût ?
Elle fondit comme une lionne. Verdelet tentait vainement de la raisonner :
− Arioch ! Arioch ! Pas les enfants ! Arrête ! Arioch !
L’elfe ignorait le bien et le mal. Son arme s’abattait avec virulence dans le ventre des femmes et sur le visage des enfants. Elle n’éprouvait aucun remord pour les meurtres innombrables qu’elle commettait, seulement une joie pure.
C’était sans compter la joie du sylphe :
− Haha ! Cette elfe est bien plus amusante que je ne l’avais pensé ! Vas-y ! Tue chacun de ces têtards gluants ! Tue-les ! Tue !
Léonard sondait le sol de sa lance. Les carcasses étaient partout autour de lui. Même s’il avançait avec circonspection, il ne pouvait éviter de faire craquer quelques os sous ses pas, ou de glisser sur des choses visqueuses qu’il préférait ne pas identifier. L’odeur du sang et de la peur saturaient ses narines. Léonard en tremblait d’effrois.
− Les enfants… Arioch, qu’as-tu fait ? se lamenta l’aveugle.
L’elfe errait joyeusement parmi les cadavres. Elle caressait leur visage et passait ses longs doigts griffus dans leurs cheveux poisseux. Sa voix susurrait tendrement aux dépouilles :
− Ils sont si tendres ces chers petits, si tendres… Ne vous inquiétez pas, mes mignons… Je vais prendre soin de vous. Si tendres, ces beaux petits…
− Pourquoi ? gémit Léonard. Arioch, pourquoi as-tu fait cela ? N’as-tu pas d’enfants, toi-même ?
La réponse appartenait au Feu et à l’Eau :
− Ils ont été tués, déclara Salamandre.
Ces mots étaient brûlants. La voix limpide d’Ondine s’éleva à son tour :
− Tués par les forces impériales et jetés dans un océan de sang, proclama l’esprit l’Eau.
L’estomac de Léonard se noua. Sans la voir, il devinait Arioch qui était penchée sur les cadavres des enfants. Il entendait le bruissement des lambeaux de chairs encore chaudes qu’elle leur arrachait entre ses dents. Son visage était maculé de sang. Et elle riait.
Les esprits Salamandre et Ondine continuaient de déclamer leurs paroles déchirantes. Les mots de l’un faisaient la phrase de l’autre :
− Elle n’aura plus jamais d’enfants…, dit Salamandre.
− …car le prix de notre pacte était sa fertilité, révéla Ondine.
Ils conclurent leur récit à l’unisson :
− Solitude et chaos. Pour l’éternité.
Même le poids des ans ne pourrait faire disparaître les cicatrices d’Arioch. Seule la mort mettra fin à ce cauchemar.
Le dragon rasa violemment le sol en leur lançant :
− Au temple !
Verdelet claudiquait déjà vers l’édifice au sommet de l’île. Le temple avait été érigé au cœur d’un bassin artificiel. L’onde n’était pas profonde. Les compagnons gravirent le temple pas à pas. Le dragon s’était perché sur une colonne. Caim se tenait sur ses genoux, le corps et l’esprit abattus. Le déboire enfiellait son sang. Sous lui, le sceau marin avait été brisé. L’Empire les avait devancés depuis le début.
− Où est le sceau du temple ? questionna Léonard.
− Il a été détruit, gronda le dragon.
− Et bien sûr, c’est de ta faute, Léonard ! incrimina le sylphe.
Verdelet regardait désespérément Arioch qui accourait vers eux. Quand elle arriva près d’eux, elle se jeta sur le sceau brisé et se mis à caresser fébrilement les symboles qui s’y inscrivaient. Tout ce qu’elle touchait, elle le salissait de sang :
− C’est joli. Tellement joli…
Caim lui décocha un regard menaçant. Cette elfe était-elle vraiment une alliée ? Son âme dérangée avait oublié la confiance.
− Les hommes créent des Sceaux. Puis les hommes les brisent, siffla le dragon.
− Nous devons retourner au désert, dit Léonard, et mettre la déesse en sécurité.
Caim rengaina rageusement son épée. Il savait que Furiae se trouvait désormais écrasée par un faix deux fois plus lourd...
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