Chapitre 4

Drakengard 1 adapté en roman par Nashira
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Nashira
L'Œil Écarlate
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Chapitre 4

Message par Nashira »

Le chiffre 4 évoque la mort pour les japonais. Perso, j'aime bien ce chiffre, je le retrouve souvent autour de moi. Une petite anecdote pour introduire ce nouveau chapitre ^^
Donc, donc, donc. Chapitre 4. Première évocation de Verdelet, le groupe se sépare, et...
Premier envol ! J'avais essayé de m'imaginer quel pourrait être l'état d'esprit de Caim lorsqu'il chevaucherait le dragon pour la première fois. C'est pas si facile qu'il n'y parait...
Pour la fameuse prophétie des Archanges, j'avais choisi de l'écrire en traduisant les phrases anglaises et elle sonne donc un peu différemment de cette qu'on connait.

Chapitre 4
Complications

Caim se réveilla à l’aube. Bardant son armure et ceignant sa lourde épée à ses hanches, il sortit faire les premiers préparatifs pour leur départ dans la forêt. Inuart avait allumé un nouveau feu. Furiae priait silencieusement. Après avoir sellé les chevaux et démonté les tentes, Caim s’assit avec les autres. Le dragon était étendu le long de l’orée, la tête appuyée sur une souche.
Caim contempla un moment la fumée du feu s’envoler et disparaître, emportée par le vent. Brusquement, le dragon se dressa sur ses pattes, tout en alerte. Caim l’imita instantanément. Inuart et Furiae les fixèrent sans comprendre.
− Qu’y a-t-il ? s’inquiéta Inuart.
Seuls ceux ayant passé un pacte pouvaient entendre cette voix étrange. Caim se tourna vers le musicien, le dragon parla :
− Le village des Elfes est en flammes...tout est perdu.
− Non ! s’écria Inuart en laissant tomber sur Caim un regard de dédain, ton pacte a démultiplié ta force, mais il ne peut pas te permettre de voir l’avenir !
− Une voix nous a prévenus, dit le dragon, nous ferions mieux de l’écouter. L’Empire nous a devancés...
Inuart refusa de croire ses sinistres paroles :
− Non, c’est impossible ! Brûler un territoire neutre est impardonnable ! Le village n’est plus très loin ! Allons voir !
Il étouffa le feu avec de la terre et couru vers les chevaux. C’est alors que Furiae s’écroula au sol.
Inuart et Caim se précipitent vers elle :
− Furiae, récria Inuart en se précipitant vers elle, qu’y a-t-il ?
− R-rien, gémit Furiae en se relevant, pantelante. Je vais bien...
− Ne nous mens pas, avisa Inuart la voix tremblante, le poids de ta mission t’écrase. Nous devons te trouver un endroit où rester. Viens...
Il l’aida à se relever, sous le regard glacial de Caim. Pourquoi Inuart se comportait-il toujours de la sorte ?
« La pureté de ta soeur est au cœur du problème, Caim » dit la voix du dragon dans sa tête. « Elle n’est pas seulement déesse, elle est aussi femme... »
Ignorant les avertissements de Caim et du dragon, ils prirent en route du village des Elfes. Tandis qu’ils s’enfonçaient dans les profondeurs de la forêt silencieuse, de nombreux nuages s’accumulaient au dessus de leur tête. Derrière ce brouillard trompeur, l’Empire regroupait ses forces aériennes pour anéantir un peuple qui était jusque là parvenu à rester en dehors du conflit…
La forêt était dense. Un fin brouillard rampait sur le sol en dissimulant à leur vue le dangereux réseau des racines noueuses. Plus ils avançaient, plus les arbres se resserraient.
Caim fermait la marche. Il pensait à cette voix qu’il avait entendue. L’étrange impression de la connaître le perturbait. Il aurait juré qu’elle appartenait à une personne qu’il avait rencontrée il y a très longtemps... Mais à qui ? La connexion qu’il partageait continuellement avec le dragon le déstabilisait encore trop pour qu’il puisse réfléchir clairement. La créature les suivait par les airs. Le claquement de ses ailes faisait bruisser les branches au-dessus d’eux.
Quelques minutes plus tard, une odeur de brûlé leur piqua aux narines.
− Le village, dit le dragon en se posant plus loin, c’est ici...
Ils débarquèrent sur un champ de ruines.
− C’est impossible, se consterna Inuart, j’ai beau le voir, je refuse de croire une chose pareille !
Des effluves de peur hantaient ces lieux. Visiblement, un incendie avait eut lieu. Des corps calcinés étaient éparpillés parmi les décombres noircis…
La voix n’avait pas mentit. Les voilà témoins du traître assaut de l’Empire. Inuart posa pied à terre et erra au milieu du village détruit sans parvenir à réaliser les faits. Finalement, il s’écroula à genoux devant tant de perfidie :
− L’enfer, gémit-il, l’enfer s’abat sur terre... que puis-je faire ?
Furiae se mit immédiatement à prier pour le salut des Elfes assassinés. Caim posa pied à terre et se posta devant le dragon, stoïque. Maintenant, Inuart pouvait voir l’insanité de son opiniâtreté.
A ce moment, la voix inquiétante se répercuta à nouveau dans la tête de Caim et dans celle du dragon. Mais cette fois elle était plus distincte, plus reconnaissable. Caim eut un éclair d’illumination:
− L’évêque Verdelet ! s’exclama le dragon, j’entends sa voix !
Inuart se releva lentement :
− Sa voix ? fit-il incrédule, l’évêque a lui aussi passé un pacte ?
− Oui, avec un dragon. Un dragon pétrifié.
La voix claire et douce de Furiae s’éleva derrière eux :
− Où est-il à présent ? demanda-t-elle au dragon.
Caim renâcla. Voir Furiae s’adresser directement au dragon plutôt qu’à lui le frustra rageusement.
− Il est au temple du désert, répondit le dragon d’une voix radoucie, il souhaite que tu t’y rendes. Pour ta sécurité.
Inuart contempla désespérément la déesse puis baissa les yeux :
− Pardonne-moi Furiae, se lamenta-t-il, je ne suis pas assez fort pour te protéger...
Furiae savait bien qu’Inuart avait toujours rêvé d’être aussi fort que Caim. Mais il n‘était en comparaison qu’un gringalet chétif. Au lieu de force, la nature l’avait doté d’une voix merveilleuse.
− Mais tes chants, susurra Furiae, ils m’apaisent...
Ces paroles eurent le don de provoquer le dépit dans le cœur du musicien :
− Chanter ? s’étrangla-t-il, c’est de force dont j’ai besoin !
Furiae se figea. Après un long silence, Inuart se remit en selle et se tourna vers Caim. Comme il vit que son ami restait immobile, il lui lança :
− Tu viens aussi ?
− Je souhaite en savoir plus, soutint le dragon pour Caim. Allez au désert. Protège Furiae. Je vous rejoindrais.
Inuart consentit. Puis il partit en escortant Furiae vers le désert à l’est, là où la nuit était éternelle. Là-bas les attendait Verdelet, évêque de l’Union et gardien des quatre Sceaux : le Seau marin, du désert, de la forêt et de la déesse.
Sur ses entrefaites, Caim fouilla les ruines du village à la recherche d’indices. Des fumerolles noires s’exhalaient du sol chaud et des poutres calcinées brasillaient encore. Des tapis de braises scintillaient par endroits. Les corps calcinés des Elfes étaient parsemés un peu partout dans les décombres. Caim avançait d’un pas lent, scrutant minutieusement chaque recoin autour de lui. Mais il n’y avait aucune piste. Jusqu’à ce qu’il arriva sur la place centrale du village. Là, un message avait été écrit avec du sang. Caim s’y pencha et forma les mots sur ses lèvres tandis qu’il parcouru les lignes. Le dragon les prononça de sa voix glaciale :

Ne parle pas des Archanges
Ne peins pas les Archanges
N’écrit pas les Archanges
Ne sculpte pas les Archanges
Ne célèbre pas les Archanges
N’appelle pas le nom des Archanges

− Qu’est-ce que cela signifie ? questionna le dragon.
Caim lu et relu cette étrange prophétie, sans rien en saisir. Les Archanges ? Il n’avait pas souvenance d’avoir entendu ce nom dans les légendes ni dans aucune autre histoire. Un râle plaintif s’éleva derrière lui. Rapide, il fit volte-face en tirant son épée.
Une elfe à l’agonie se traînait désespérément vers lui. Ses cheveux brûlés collaient à son crâne. Son visage était écarlate, sa chair à vif. Son sang desséché formait des croutes noires sur sa peau calcinée. On racontait que l’éclat d’un elfe était impérissable. Caim n’avait jamais cru en ces commérages. Mais en regardant l’être en face de lui, son jugement bascula. Même si elle dégageait cet aspect hideux et ravagé, une étrange beauté émanait de cette entité. Le jeune homme comprit pourquoi on surnommait les Elfes les ‘’Belles Gens’’.
− D-dans la vallée, se lamenta l’elfe, le m-mausolée du culte des... des Archanges... Ils sont tous p-prisonniers là-bas...
Elle tendit sa main vers Caim en ultime geste de supplication et rendit son dernier souffle.
− Encore ces Archanges, fit remarquer le dragon d’un grondement, qui sont-ils donc ?
Tandis qu’il fixait le cadavre de l’elfe, Caim se demanda s’il existait un lien entre ces mystérieux Archanges et l’Empire. L’elfe avait parlé d’un culte. Décidé à en découvrir plus, Caim enfourcha son cheval. Le rire du dragon retentit. Caim lui décocha un regard incendiaire.
− Tu nous ralentit, avec ton animal stupide. Il est temps de prendre la voie des airs.
Caim cligna des yeux, peu engagé à l’idée de devoir chevaucher le dragon. La créature le fixa d’un œil malveillant.
− Ce n’est aucunement par plaisir que je fais cela, rétorqua-t-elle, mais les Elfes font partie des gardiens des sceaux. Ce n’est pas dans l’espoir de trouver la déesse que l’Empire les a attaqués, j’en suis sûr... quelque chose se prépare... Nous devons faire vite.
Caim hésita. Il n’avait pas confiance.
− Tu as peur des hauteurs ? brava le dragon en le soumettant à un regard moqueur.
Le jeune guerrier sauta à bas de son cheval. Il la descella et lui retira sa bride. L’animal s’enfuit dans les bois sous l’impulsion d’une claque sur sa croupe. Caim se tourna vers le dragon et entreprit de sangler la selle de son cheval autour de son large cou. Le dragon eut un geste récalcitrant et souffla une volute de fumée noire.
− C’est moi qui te porte, ce n’est pas toi qui me monte, gronda-t-il.
Caim fronça les sourcils et tenta d’arrimer la selle. Une nouvelle fois, le dragon se mordit l’aile à l’endroit où se ramifiaient les longues tiges osseuses qui formaient ses doigts. Caim eut si mal dans sa main que la selle lui échappa.
Le dragon le nargua d’un horrible sourire.
− Dépêche-toi, où je te prends dans mes griffes, dit-il alors que la blessure à son aile se refermait déjà.
Caim finit par consentir. Grinçant des dents, il se hissa sur le dos du dragon. En les touchant, il sentit que les écailles du dragon avaient la texture d’un cuir robuste. Il cala ses jambes devant les ailes du reptile, mais ne trouva nulle prise pour ses mains. Un sentiment d’appréhension lui prit le ventre.
Avec grâce, les ailes du dragon se déployèrent de toute leur envergure et ils s’élancèrent en un bond impétueux. Caim sentit son cœur tomber dans sa poitrine sous l’à-coup de ce choc violent et il faillit tomber en arrière. Il se raccrocha tant bien que mal aux aspérités de la peau de dragon qui continua de grimper dans le ciel jusqu’à se stabiliser. Le vol devint alors fluide et Caim put desserrer se mains. Le vent des hauteurs lui fouettait le visage. Il ressentit une sensation de liberté encore jamais éprouvée auparavant. Il se pencha au-dessus du vide et contempla le monde qui défilait sous lui. La forêt s’étendait à perte de vue. Le fil argenté d’une rivière luisait sous l’éclat du soleil. Le monde vu du ciel était d’une beauté insaisissable. Tout cela était... grisant.
− Alors, tu aimes voler, humain ? lui lança le dragon.
Il accéléra d’un grand coup d’aile pour lui faire découvrir les sensations d’un vol plus sauvage. Plus loin, ils survolaient une vallée, mais des ombres volantes s’élevaient du sol…
Des machines. Des vaisseaux de guerre. Ils étaient portés dans les airs à l’aide d’un mécanisme ingénieux qui exploitait la force de l’air chaud. Le blason de l‘Empire étaient dessiné sur leurs voiles ; un visage dédoublé sur un fond rouge, rehaussé d'une paire d'ailes. Sur le pont des bâtiments, des cannons étaient toutes-gueules dehors.
− Ne sont-ce pas là les embarcations volantes dont t'avait parlé ce soldat de l'Union ? gronda le dragon en suspendant son vol. L’Empire possède une technologie redoutable...
Caim jeta un regard haineux aux vaisseaux, à la fois fasciné et intrigué de savoir comment l’Empire avait pu créer de telles constructions. Mais l’heure n’était pas à la réflexion. Ces machines appartenaient à l’Empire. Elles allaient toutes être détruites.
− Je vais les brûler jusqu’au dernier !
Sur les embarcations impériales, les canonniers avaient reçu l’ordre d’ouvrir le feu. Une rafale de boulet fusa dans leur direction. Le dragon se propulsa violemment sur le côté. Il gonfla ses poumons leur offrit sa réponse par des flammes. Les machines volantes brûlaient facilement. Elles s’écrasèrent contre les montagnes et dans le vallon, sous les rires sarcastiques du dragon :
− Aucun humain ne peut espérer vaincre un dragon. Imbéciles !
De nouveaux aérostats apparurent en déchargeant sur eux les boulets de leurs canons. Le dragon plongea vers le sol et remonta en chandelle.
− Il y en a d’autres ? Ils sont pires que des insectes !
De nouvelles flammes jaillirent de sa gueule. Les machines impériales étaient lentes. Finalement, elles étaient des cibles faciles. Les unes après les autres, elles chutaient.
− L’ennemi est en déroute, fit le dragon en virant de bord pour survoler la vallée. Le mausolée est là...
En effet, Caim se pencha et aperçu au milieu des arbres clairsemés les formes d’une fondation. Ils exécutèrent une descente en cercles concentriques. Quand le sol fut suffisamment près, le dragon tendit en avant ses grandes pattes postérieures et se ramassa en faisant trembler la terre sous son poids.
Une pluie fine se mit à tomber. Devant eux croulaient de grands murs faits de pierres effritées. Des colonnes étaient à demi-effondrées. Les plantes mousseuses et les mauvaises herbes germaient un peu partout sur les murs écroulés.
− Des ruines sont un mausolée ? s’étonna le dragon avec un regard dédaigneux. Quel genre d’Empire est-ce ?
Caim se trouva tout aussi dérouté que la créature. Pourquoi l’Empire, qui était une nation riche et puissante, s’intéressait-il à ces ruines ? Et où étaient donc les elfes prisonniers ?
− Caim, regarde, appela le dragon.
Caim le rejoignit à l’autel, au centre des ruines. Plusieurs cadavres étaient éparpillés autour de ce qui ressemblait à une énorme bassine taillée dans le roc. Il en émanait une odeur écœurante.
− Alors voilà ce qui est arrivé aux elfes du village, soupira le dragon.
Dans la bassine coagulait un liquide sombre et poisseux. Caim y trempa la pointe de son épée et un lavis purpurin se dépeignit sur son métal. C’était bien du sang. Le sang des Elfes…
− Ces Archanges sembles friands de sang, glosa le dragon. Les humains ont enfin trouvé des divinités à votre image…Tiens... Ils y a un homme de l’Empire ici...
Caim releva la tête. L’un des corps n’était pas celui d’un elfe. Une ample robe pourpre l’habillait. Il était mort les yeux grands ouverts, allumés d’un feu de folie...
− Pourquoi leurs yeux sont-ils rouges ? demanda le dragon à voix haute.
Caim se détourna du cadavre avec un geste de frustration. Puis il déversa dans l’esprit du dragon un flot d’injures. La bête lui répondit avec mépris ;
− Que cherche l’Empire ? Comment connaîtrais-je vos stupides ambitions d’humains ?
Caim renifla d’exaspération.
− Pitié ! Aidez-nous ! L’Empire a envahit notre village !
Caim et le dragon se retournèrent brusquement. Un jeune garçon accourait vers eux en trébuchant. Le souffle court et fondant en pleurs, il se jeta aux pieds du jeune guerrier.
− Par pitié, aidez nous ! L’Empire a détruit tout notre village... Il faut que vous nous aidiez...
− D’où viens-tu ? dit le dragon.
− D-de la vallée des Sylphes, bafouilla le garçon, l’Empire l’a investie ! Ohhh pitié, aidez-nous... ! supplia-t-il en agrippant les jambes de Caim.
Caim le repoussa d’un coup de pied. Le jeune garçon retomba sur son séant et le contempla, les larmes aux yeux, pétrifié par le regard glacial de ce jeune guerrier accompagné d’un dragon. Quelle violente passion baignait donc dans les yeux de cet homme ?
− Vis-tu pour sauver des vies ou pour en détruire ? siffla le dragon à son partenaire de pacte.
Caim ne prêta pas attention à cette question rhétorique et s’empressa de grimper à nouveau sur le dos du dragon. Prenant leur essor, ils mirent le cap sur la vallée des Sylphes, berceau du seau de la forêt.
♋ - ♑
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